Il était une fois une jeune femme qui se suicide dans son appartement… une fin ? Non, le début de son histoire car elle va hanter l’immeuble qu’elle a habité et, avec la complicité d’un chat, elle va rencontrer tous ses habitants : petite fille mystérieusement disparue, amours illégitimes, bibliophile érotomane, vieille écorcheuse de chats. Et ce peintre sans le sou pour lequel notre fantôme ressent une attirance certaine…
Il était une fois plutôt que de nos jours tant cet album semble intemporel, l’action pouvant se situer hier comme il y a 50 ans… Guillaume Sorel abandonne les atmosphères sombres et angoissantes de ses premiers albums pour une histoire tout en justesse, en délicatesse, couvrant les pages d’un dessin qu’on croirait fait à l’aquarelle mais qui est à l’encre de chine noire, évoquant les vieilles photos délavées. Son lavis fait penser à un Hermann qui après ses séries s’est mis à faire ses one-shot de grande qualité, le même graphisme plein de lumière et de légèreté qui privilégie le blanc. Seul aux commandes, l’auteur fait évoluer son personnage selon son gré, avec lenteur, s’attardant sur tel et tel personnage, développant à l’envi et nous entraînant dans une histoire finalement très triste mais prenante qui aura une fin… heureuse. Guillaume Sorel, grand amateur de littérature fantastique, lui a déjà rendu hommage mais du côté gothique… Ici il a la retenue d’un immense auteur belge : Thomas Owen. Il indique même - par quelques cases montrant une bibliothèque - quels ouvrages le lecteur attentif pourrait parcourir pour retrouver ses sources d’inspiration…
Une belle œuvre qui prouve que l’auteur, après avoir puisé dans les ténèbres a pris goût à la lumière…