Momentanément handicapé, Félix Meynet a abandonné les jolies courbes des Eternels pour se tourner vers un western qui n’en est pas vraiment un. On regrette évidement la disparition de tous ces personnages féminins si… féminins pour de la troupe mais c’est avec grand plaisir qu’on découvre un dessinateur qui s’est vraiment défoulé et nous offre un panaché de son talent, une autre facette qu’on ne connaissait pas. Il s’agit d’une aventure avec un grand A et Meynet ne s’est pas privé de dessiner des combats, des charges en y injectant une passion qui se retransmet à la lecture. L’auteur nous fait partager le plaisir qu’il a eut en illustrant cette aventure. Pour emballer tout cela Yann lui a fait un scénario sur mesure, une belle histoire romanesque et épique, une histoire de vengeance mais aussi une histoire de courage. Ne pleurez pas, la gente féminine est représentée tout à son avantage, la belle princesse de Salm Salm, aventurière sexy et dotée d’une paire d’attributs que beaucoup d’hommes ne peuvent se targuer d’avoir, je parle évidemment de ceux entre les guibolles. Le tout est fait en couleur directe et se lit d’une traite sans lever les yeux. Dés la dernière page tournée on ne se demande qu’une chose, à quand la suite !
La parole à Félix Meynet (qui n’est pas Suisse mais Savoyard) et à Yann (qui n’est pas Breton, mais Marseillais mais surtout Belge d’adoption)
(Yann) C’était une demande de Félix (Meynet) de faire un western différent, un western qui ressemble à du western mais qui ne soit pas du Blueberry.
(Félix Meynet) Je ne me sentais pas capable de faire un western parce que Giraud l’avait fait avant moi mais j’avais cette envie de dessiner de la roche, des chevaux, de la poussière…Grâce à Yann nous avons trouvé le moyen de faire un western sans que ce soit américain. Il y a très peu de choses qui ont été faites sur cette époque, et toutes l’ont été du point de vue américain. C’est une histoire très Charlier, avec un contexte politique sans avoir les prétentions graphiques de Giraud, Marini.
Les illustrations ont été faites en couleur directe. A ce moment j’avais un problème à l’épaule qui m’empêchait de bosser, de dessiner de l’architecture comme c’était prévu dans le tome des Eternels sur lequel j’étais en train de travailler.
Avec « Félix Sauvage », je faisais dans le minéral, le végétal… J’ai changé de format de technique et j’ai pu guérir tout doucement, sans rester trop précis dans le dessin, travaillant plus grand en couleur directe, sans pour autant bouder mon plaisir.
Les dessins sont plus touffus parce qu’il y a beaucoup de personnages, tout cela demande beaucoup d’ampleur dans le dessin, c’est vrai qu’on n’est pas dans un huis clos, c’est quelque chose de plus épique.
La documentation ne pose plus de problème grâce à internet, on a accès immédiatement à une base de données qui peut être corrigée en permanence, en rencontrant des passionnés.
C’est vrai qu’il y a peu de personnages féminins mais cependant il y a cette femme, la princesse de Salm Salm, inspirée d’un personnage réel, une vraie aventurière qui écrit ses mémoires. D’ailleurs l’hôtel de la légion d’honneur à Paris est l’hôtel Salm Salm.
Napoléon III pensait créer un contre-pouvoir sur le continent américain en créant un empire catholique face aux Etats-Unis, alors en pleine guerre de sécession, il voulait installer sa puissance mais à la fin de la guerre, les américains ont rapidement remis de l’ordre et ont fusillé Maximilien
Ce ne fut pas un épisode très glorieux pour la France alors que l’armée française était perçue mondialement comme une puissance militaire. Le prestige de l’armée impériale française était très fort et après la campagne mexicaine s’est retombé. Cela a été un échec dans le sens où Napoléon III a hésité, mais il y avait une trop grosse confrontation.
Le terrain se prêtait à l’armée française qui avait conquis l’Afrique du Nord, c’étaient des troupes qui venaient d’Algérie, qui avaient combattu pendant 10-15 ans en Afrique du Nord, sauf qu’il y avait une opposition qui n’était pas que mexicaine dés que les Américains sont entrés dans la danse. Le soldat français était débrouillard, les personnages représentés viennent de la guerre de Crimée.
Je voulais quelque chose qui ait du panache, qui soit épique, je pensais d’abord à Napoléon premier, la campagne d’Espagne avec ses paysages arides, désertiques, mais finalement nous avons changé de Napoléon, en route pour le Mexique. Le Mexique est un pays sanglant. A l’époque, l’enjeu était le pouvoir politique, la presse se moquait des généraux sud-américains, cette armée qui comptait plus de colonels que de troupes, des gens qui se battaient pour un oui ou pour un non et les Français, eux étaient des officiers très romanesques, très pragmatiques. Ils ont essuyé un échec par rapport à une population qui se rebelle constamment.
Félix Sauvage a une tête de stéréotype de l’aventurier. Il est carré il n’est pas naïf, il rentre dans l’action sans se poser des questions, il fait son job, il se bat.
En tant qu’officier, de jeune officier il a une vision romanesque, la réalité, le background, est expliqué par l’homme de troupe.
Ce sera une trilogie, cette histoire de vengeance en trame du premier épisode ne révèle pas encore grand chose. Félix Sauvage est le dernier des trois enfants. La finalité de l’histoire est d’en faire un aventurier, dans le troisième épisode, il quitte la région et devient un aventurier, dont j’ai un vrai modèle. De nos jours, on ne peut plus se permettre de créer un personnage à la va-vite, sans background, il faut du mystère… même si mon but était de faire une histoire « back to the roots », une aventure à la Charlier, une histoire de vengeance, avec des subtilités, le côté épique, la vengeance des morts…