Le Testament de William S.
Série: Blake & Mortimer #24
Auteurs: André JUILLARD, Yves Sente, Madeleine Demille
Editeur BD: Dargaud
Une chronique BD: Génération BD
L'histoire:
Août 1958 à Londres. Tandis que l'ambassadeur allemand se fait agresser à la nuit tombée dans Hyde Park par des Teddys, sorte de voyous désoeuvrés, nous retrouvons Blake et Mortimer au théâtre pour une pièce de William Shakespeare. Lors du drink qui suit le spectacle, la rencontre entre le comte Walter d'Oxford et Sarah Summertown permet à nos deux héros de découvrir qu'il existe deux courants diamétralement opposés quant à la paternité des pièces de Shakespeare: d'un côté les Oxfordiens qui soutiennent que Shakespeare, pauvre provincial de Stratford, n'a pas pu écrire une oeuvre aussi géniale; de l'autre, la William Shakespeare Defenders Society qui promeut la pérennité de l'oeuvre.
Le même soir à Venise, le marquis Stefano Da Spiri organise une réception, troublée par la collison d'un navire dans le bâtiment, et ensuite par des sonneries d'une cloche provenant de sa cave. En s'y rendant avec ses invités, il découvre une porte dérobée et dans la pièce un vieux mannequin datant de 300 ans dans une vitrine fermée, protégée par un système ingénieux et un manuscrit en latin de son aieul qui renferme une première énigme. Pour la résoudre, le Comte Da Spiri va faire appel à Sarah Summertown et au capitaine Francis Blake du MI 5, même si ce dernier est aussi chargé de mettre un terme aux méfaits des Teddys.
Mon avis:
La sortie d'un nouveau Blake & Mortimer est pour le fan que je suis toujours un événement. L'univers créé par E-P Jacobs m'a toujours émerveillé et certaines des reprises sont pour moi très bonnes.
Avant d'entamer la lecture j'avais déjà lu un titre destructeur, et un autre encenseur de la librairie Flagey (et son excellent libraire Fredéréic Ronsse). Pas lu plus que les titres car je tiens toujours à me faire ma propre opinion après ma lecture.
Que dire donc de ce nouvel opus? Le graphisme de Juillard est toujours extrêmement fouillé et précis, digne du Maître Jacobs. Son premier album de reprise m'avait désarçonné pour les traits de Mortimer par rapport à ceux de Jacobs, mais maintenant j'y suis habitué. L'auteur se fond dans le style Jacobs "so british" tout en gardant sa patte, surtout dans les personnages féminins hérités de son "Cahier bleu"; il s'amuse même avec l'apparition du sosie du capitaine Haddock en capitaine de navire (j'avoue être passé à côté à la première lecture)...
Et pour fêter les 70 ans de la série (sic!), Yves Sente s'est permis de confronter nos deux héros Blake et Mortimer à William Shakespeare himself dont on célèbre cette année les 400 ans de la disparition! Yves Sente a planté son récit en août 1958, après "Le sanctuaire de Gondwana". On va découvrir une série d'énigmes à décoder et j'ai trouvé l'histoire moins dans l'ambiance jacobsienne, se concentrant sur l'enquête policière façon Agatha Christie, mais laissant Blake à Londres tandis que Mortimer et Miss Elisabeth Mc Kenzie (la fille de Sarah Summertown avec qui Mortimer avait eu une romance) partent ensemble enquêter. De Londres à Venise, le duo enquête donc sur William Shake-Speare, confronté à quelques retournements de situation et des courses poursuites, mais trouvant un peu trop facilement les solutions à mon goût.
Nous retrouvons pourtant avec plaisir Olrik et également un ancien méchant de Jacobs, l'homme de main Sharkey qui apparaissait dans le Mystère de la grande Pyramide et dans SOS Météores. Plus étonnant toutefois, toute l'action du colonel Olrik va sé dérouler à partir de la prison où il est enfermé, ce qui ne l'empêche pas de tirer ses ficelles, mais il reste donc dans l'ombre et peu présent, dommage.
Ce faisant, ce 24ème épisode ne fait partie de mon top, même si j'ai passé un bon moment de lecture.
Bien sûr, il faut se farcir un concentré de longs dialogues et texte dans des phylactères imposants, la marque de fabrique des Blake & Mortimer et autres Alix, mais c'est aussi ce qui donne du charme et de la consistance à ces séries.
Pour les collectionneurs fans, à noter les éditions alternatives à l'italienne, de chez Fnac en Belgique et Leclerc en France.
Et également une exposition exclusive chez Champaka Bruxelles à partir du 7/12/16: ici
Maroulf