Le patient A
Dessinateur : David Etien
Scénariste : BeKa
Editeur: Dupuis
L’histoire, en quelques lignes…
Mai 1941, banlieue de Londres.
Le jeune Comte de Champignac en compagnie de sa compagne écossaise, Blair Mackenzie et de leur ami Black partent au secours de grands scientifiques séquestrés à Berlin, enlevés par l'occupant afin de participer à un vaste projet scientifique, qui assurera l’hégémonie mondiale des troupes de la Wehrmacht!
Ce qu’ils découvriront à Berlin les laissera pantois : depuis des années, le peuple allemand est gavé de Pervitine, une drogue omniprésente dans leur alimentation rendant euphoriques et offrant un sentiment d’invulnérabilité…
Ce qu’on en a pensé…
Il y a tip-top 2 ans, les BeKa (le couple Caroline Roque et Bertrand Escaich) en compagnie de David Etien nous sortait un formidable SpinOf de la série mythique « Spirou & Fantasio », mais uniquement centré sur la Jeunesse du trucculent (mais ancestral) Comte de Champignac. On avait adoré cet album (sauf la fin, trop rapidement expédiée, cfr. notre chronique ci-dessous) ; Aujourd’hui que le second tome est sorti, ce trio aurait-il réussi à maintenir le niveau qualitatif du 1er Opus ?
On vous le dit d’emblée : c’est un grand « Oui » !
Les BeKa s’amusent dans cette série, on le sent ; tout comme on sent qu’ils aiment le « SpirouVerse », en reprenant à leur sauce les personnages secondaires: Quel pied que de croiser au fil des pages les 3 amis du Comte (que l’on rencontrera bien plus tard dans l’album de Spirou #13 « Le voyageur du Mézozoïque ») : Schwartz, Black et Bruynseeleke ! Même le taciturne savant atomiste Sprtschk sera présent (si si, celui qui finira dans un estomac préhistorique alors qu’il venait de trouver la formule pour créer une superbombe à l’hydrogène…) Pardon, je digresse, c’est l’émotion de revoir cette fine équipe se reformer des décennies auparavant !
Ce qu’on aime aussi énormément, c’est quand la petite histoire rencontre la Grande ! Ainsi, au fil des aventures, nos héros croiseront le Dr Morell, médecin personnel d’Hitler, ou encore l’ingénieur Von Braun qui mit au point les sinistres fusées V2 ; ils se rendront chez le gargantuesque Göring ou au sinistre chalet du fameux « patient A »…
Pour autant, les scénaristes ont su garder le cap, préservant l’esence même du Comte de Champignac : la seule arme qu’il portera sur lui en territoire ennemi sera un vaporisateur de gaz soporifique et lorsqu’un terrible dilemme moral s’offrira à lui, il ne trahira pas ses idéaux !
David Etien lui nous offre un graphisme vif et enlevé, sur une mise en page extrèmement dynamique ! Quel plaisir que de pouvoir contempler de telles planches où la complexité des détails se fond parfaitement dans l’ensemble !
Tantôt on est enjoué par une scène rupestre, tantôt on frissonne grâce aux jeux d’ombres et de lumières…. Du très grand Art, là aussi !
Pour finir, et juste pour la fine bouche : une petite dissonance historique : en ’41, la Grande-Bretagne n’était pas encore dirigée par la Reine Elisabeth II, mais bien par le Roi George VI… mais franchement, on pinaille !
A qui s’adresse cette série ? Assurément pas à un public jeune : la complexité du scénario les rebutera ; par contre, tous les amoureux du SpirouVerse plus âgés seront aux anges : des références historiques et scientifiques, de l’aventure, le tout mâtiné d’un soupçon d’humour...
Décidément, alors que la série-mère est à l’arrêt depuis 5 années, il faut avouer que ce « Champignac » des Beka/Etien et le « Zorglub » de Munuera ont pris la barre du Navire amiral avec vaillance et assurance pendant l’absence du Capitaine Spirou !
Milan Morales