Quelques atomes de Carbone
Dessinateur : David Etien
Scénariste : BeKa
Editeur: Dupuis
L’histoire, en quelques lignes…
Le Comte de Champignac va être papa ! Hélas, le temps est à la guerre ; le couple avait pourtant fait bien attention en réalisant de savants calculs pour éviter que leur enfant ne naisse durant cette sombre période.
Blair à son Comte, juste après lui avoir appris sa future paternité :
« Je veux être libre de choisir quand et comment j’aurai un enfant. Je veux être libre de moi, de ma vie. L’époque que nous traversons me permet d’exister mais pas de faire ce choix au grand jour. Les femmes doivent encore cacher leur féminité et leurs désirs, nous ne maîtrisons pas notre corps notre fécondité, dans ce monde dominé par le masculin, sclérosants et jugeant ».
Puis l’accident fatal arrive, laissant le Comte seul et désoeuvré : son Amour est définitivement parti. Pâcome s’enfermera alors dans le laboratoire de son château, tel un vieil ermite.
Ce qu’on en a pensé…
Qui n’a jamais ouvert un tome de Champignac est en droit de penser que ce SpinOf s’adresse à un public jeune. Bien vite cependant, le lecteur est confronté à la noirceur de la vie et des 1ères pages.
Le couple de scénariste (les Beka) pose ensuite une ellipse très à propos, nous projetant 10 années dans le futur de notre héros, et nous faisant parfaitement ressentir sans le dire que le Comte a vécu une guerre encore plus terrible que celle de son époque… En moins de 10 pages, nous étions déjà totalement happé par ce nouveau récit !
Le thème de ce 3ème tome est très surprenant : jamais nous n’avions imaginé que notre savant un peu fou allait s’attaquer à la contraception féminine durant les années ’50 ! Sa rencontre alors avec Margaret Sanger (qui a réellement existé et qui fut une militante américaine et pionnière de la Contraception) puis avec le Docteur Gregory Pincus (co-inventeur de la pilule contraceptive) nous entraine sur un chemin bien différent des précédents tomes…
Alors que l’on constate de par le monde d’une régression dans les droits de la Femme moderne, cette aventure se situant aux prémices de la libération sexuelle (re)pose clairement cette question sur la table.
Ici, point de Nazi ou de fuite de cerveaux : l’aventure est déclenchée par les stéréotypes de la société : « Contrôler les naissances, c’est aller contre la nature ! (…) Vous voulez transformer la femme en un objet de volupté stérile et faire perdre aux hommes la fierté de leur virilité féconde ».
Un gros regret cependant : mis de côté les scènes avec Blair ainsi que cette thématique forte, le reste de l’album n’est qu’une (fausse) course poursuite assez maladroite…. Si la mort de ce personnage est totalement justifiée pour amorcer le récit, on a l’impression que les aventures de Pacôme auront bien moins de piquant dorénavant…
Les BeKa avaient réussi à créer un très bel équilibre dans leur narration en alliant le côté barbant de la Science (Pacôme) à celui de l’ingéniosité féminine (Blair). Comment vont-ils rebondir dorénavant ?
Milan Morales