Le cri du Moloch
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Etienne Schréder
Dessinateur : Christian Cailleaux
Coloriste : Laurence Croix
Editeur: Dargaud
Mon avis
Pour ce 27ème épisode des aventures de Blake et Mortimer initialement créées par E.P.Jacobs, nous retrouvons Jean Dufaux au scénario, et Christian Cailleaux et Etienne Schréder au dessin. Le créateur originel n’a réalisé que 12 titres seulement (dont un achevé par Bob de Moor), les autres albums sont des reprises, certaines meilleures que d’autres !
Le Cri du Moloch constitue une suite directe à « L’onde Septimus », mais dessiné cette fois non plus par Antoine Aubin mais par Cristian Cailleaux, dont c’est une première sur Blake et Mortimer. Avant cette reprise, on lui doit par exemple la série « Les imposteurs », et plusieurs albums dans la prestigieuse collection « Aire libre » chez Dupuis : Piscine Molitor, Les longues traversées, Prévert inventeur…
Jean Dufaux a enfin pu nous livrer la suite de son dyptique, même si nous avons attendu 7 ans pour cela. Rappelez-vous, nous avions laissé Olrik dans un hôpital psychiatrique en compagnie d’un groupe de soldats de la même unité ayant perdu la mémoire et sujets à des hallucinations collectives. Regroupés ensemble et aux mêmes heures, ils répètent ensemble inlassablement les mots « Asile », les yeux fixés dans le vide…
Pour sortir Olrik de sa torpeur, le professeur Mortimer qui se sent redevable envers son ennemi juré va proposer à son médecin de pouvoir utiliser l’incantation mystérieuse que le sheik Abdel Razek avait prononcé dans le « Mystère de la Grande Pyramide » à savoir : « Par Horus demeure ! » afin de créer un choc chez lui. En effet, en excellent scénariste et pour notre plus grand plaisir, Dufaux réutilise plusieurs pans des épisodes précédents de Jacobs et les incorpore dans ce récit. Olrik a en effet été très impacté par la formue proférée en Egypte, au point qu’il fût ensuite le jouet du professeur Septimus dans la Marque Jaune, et que Mortimer a déjà utilisé la même formule pour se sortir d’une mauvaise passe ; à lui maintenant de tenter de sauver Olrik, son meilleur ennemi, qui a osé affronter Orpheus, l’entité extra-terrestre arrivée sur la terre.
On apprendra aussi que le vaisseau extra-terrestre que le capitaine Blake a fait exploser dans l’épisode précédent n’a pas mis fin à tout car plusieurs vaisseaux ont été envoyé en éclaireur, et parmi ces 7 vaisseaux et pilotes, une des entités a pu être récupérée et est toujours vivante, de quoi relancer les recherches du gouvernement anglais. Et pour ce faire, le professeur Scaramian chargé de superviser les recherches propose à Mortimer de les aider. Car le danger est toujours présent, l’Orpheus détruit et qui avait pris possession de corps sous la forme de professeur Septimus, est maintenant remplacé par le dernier spécimen surnommé Moloch, et ce dernier parviendra à prendre possession de nouveaux corps mais cette fois en conservant leur apparence. Et si Olrik était à nouveau le seul à pouvoir aider nos héros à s’opposer à la menace ?
Un double épisode axé sur Olrik qui en est presque le héros et qui fait la part belle aux histoires de Jacobs.
Tout comme l’Onde Septimus, nous retrouvons en couverture Guinea Pig, Olrik estampillé de la célèbre marque jaune, mais cette fois-ci avec des nuances de reflets rouges, peut-être un peu trop prononcés. Ce nouvel album est un peu moins dense puisqu’il compte 56 planches tandis que le premier épisode en totalisait 70 !
Tant le nouveau dessinateur Christian Cailleaux que l’expérimenté Etienne Schréder, je ne sais pas qui a réalisé quels dessins, ont réalisé un très beau travail, ayant très probablement dû respecter à la lettre le cahier de charges imposé pour les aventures des deux héros britanniques et de leur ennemi juré, le célèbre colonel Olrik. Le résultat est donc un dessin travaillé, précis, fouillé, avec des décors millimétrés, une précision dans les décors et l’ambiance londonienne des années cinquante. La reprise du professeur Septimus et d’Olrik sont très bien maîtrisées, et le Moloch garde tout son mystère.
Bien sûr, les critiques souligneront que les phylactères et les descriptifs sont peut-être trop nombreux et importants, mais cela fait partie de l’ambiance des Blake & Mortimer telle que son créateur originel nous y a habitué.
Deux petites critiques de ma part toutefois, les gros plans de face de Blake et Mortimer qui me paraissent parfois bien jeunes, notamment page 9 lorsque l’on voit les deux héros en pyjama et robe de chambre, avec un visage un peu trop poupon, et la coloration trop rouge sur notre Olrik en couverture ! La couverture de l’édition classique est pourtant plus dynamique que celle alternative pour l’édition bibliophile ou celle de Cultura, mais c’est probablement subjectif !
Bref, un très bon album centré sur Olrik et qui complète l’Onde Septimus, qui à l’époque a reçu un accueil critique assez mitigé mais qui pour ma part permettait d’ajouter du mystère et du fantastique dans les aventures de Blake et Mortimer, après « Le Serment des 5 lords » de Sente et Juillard avec un récit moins inspirant…
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Maroulf