Escale à Yokohama
Dessinateur : Hitoshi Ashinano
Scénariste : Hitoshi Ashinano
Traduction : Vanessa Gallon
Editeur: MeianAttention : vu que les éditions Meian alignent toujours les volumes de cette série par deux, on lie nous aussi ces tomes en une double-chronique.
Précédemment dans Escale à Yokohama…
Alpha tient un petit café, à l’écart de la ville. Le temps s’y écoule paisiblement, comme si plus rien n’avait d’importance… Entre deux approvisionnements à la ville de Yokohama, elle observe le monde, regarde le soleil se lever puis se coucher, et profite du temps qu’elle passe avec ses rares clients. Malgré les apparences, la belle Alpha est un robot, et cela fait bien longtemps qu’elle est là. Jour après jour, elle attend patiemment le retour de son maître, en jouissant tranquillement de la vie qui lui a été offerte… Un petit détour sur le sentier vers demain, en tête à tête avec nos souvenirs…
L’histoire du #11 en quelques lignes…
Chapitres 100 à 110– Adieux face à la marée
Ca y est : le café Alpha est enfin reconstruit ! Les murs sont fait avec des palettes et du contreplaqué, mais au point, elle peut à nouveau accueillir de nouveaux des clients. Par contre, comme les grains de café deviennent rares, ils n’auront plus comme choix que du thé ou de l’instantané… sauf exception, comme lorsque Kokome vient lui rendre visite avec la fameuse Maruko.
Alors qu’elle cherche dans la région une source d’eau pure, pour que son café ou son thé aient meilleur goût, Alpha découvre une sorte de champignon blanc, de taille humaine et d’une variété totalement inconnue….
L’histoire du #12 en quelques lignes…
Chapitres 111 à – 120 - La plaine de Musashino
Une fois par an, le café Alpha ne désemplit pas de la journée ; Alpha ne sait pas pourquoi, même si elle en pressent l’imminence. Pour se reposer le lendemain, elle enfourchera son scooter et sillonnera la campagne environnante et les bords de l’océan. Le constat est sans appel : la nature reprends année après année ses droits face à l’humanité en plein déclin. Ainsi, là où s’étendait sur des lieues une capitale, il ne se trouve plus qu’à perte de vue un océan d’herbes, jalonné ça et là d’éparses ruines telles des îlots sur une mer infinie.
Ce qu’on en a pensé…
100 chapitres déjà… moi l’amateur de Shônen, de Seinen depuis plus de 30 ans, je me suis amouraché totalement de cette série…. Pourtant, j’ai déjà essayé des séries Iyashikei, mais jamais, (jamais !) je n’ai réussi à suivre totalement et avec passion l’une d’entre elles. Et puis, comme souvent avec les éditions Meian, la proposition de découverte est venue et à totalement fonctionné sur moi !?!
Pour apprécier « Escale à Yokohama », il faut avoir développé un certain attrait à la poésie graphique et être dans un état d’esprit bienveillant lors de sa lecture.
Escale à Yokohoma est donc un manga sortant totalement des carcans habituels ; ce qui est sûr, c’est qu’il faut absolument essayer la série, tant elle peut s’avérer riche en petites scènes de bonheur anodines, noyées dans une profonde tristesse mélancolique Post-Apocalyptique.
L’auteure a ancré son récit dans un monde qui ne peut plus être sauvé, qui sombre petit-à-petit vers le néant par la faute de l’humanité. Mais là où « Escale à Yokohama » diffère totalement des autres récits situés sur ce type de trame scénaristique, c’est qu’elle est placée sur le dernier stade de la « courbe du changement » : en situation de grave crise (deuil,…), une personne va tout d’abord être dans le déni, puis la colère, le marchandage, la dépression et enfin l’acceptation.
Hitoshi Ashinano a donc fixé son univers lors de cette dernière phase : l’humanité a accepté que son monde était irrémédiablement perdu et accepte la situation.
C’est là que se situe tout le sel de l’histoire
Dans le 11ème volume, on voit l’apparition impromptue de mystérieux champignons et autres constructions spongieuses…. Là où on s’attendrait à ce que la mangaka envoie son héroïne en mission pour découvrir quel est le mystère se cachant derrière ces apparitions, ici non : la vérité apparaitra avec le temps, de manière naturelle et le lecteur devra patienter pour en savoir plus…. Paradoxalement, cette astuce narrative fonctionne très bien pour qui veut laisser justement le « temps au temps » !
Un autre exemple : on apprend dans les premières pages du #12 que dans le débarras au fond du terrain se terre une vieille voiture ; cependant, l’auteure ne nous en dit pas plus, si ce n’est Alpha qui pense « qu’elle devrait être fort encrassée »… à suivre dans un prochain chapitre, mais en attendant, on se demande bien à quoi ressemble ce véhicule.
On apprécie aussi fortement le graphisme général de la série, ainsi que le travail de l’éditeur : les éditions Meian réalisent les plus belles covers actuelles et on retrouve dans sa chaque volume des pages en couleurs sur un papier plus épais, apportant ainsi juste ce qu’il faut d’existence dans ses tranches de vie…
On pleure déjà à l’idée que notre prochain double rendez-vous avec notre androïde préférée sera l’ultime… Les éditions Meian n’ont pour l’heure pas encore fixé la date de lancement de cette conclusion.
Milan Morales