Time Odyssey
Dessinateur & Coloriste : Jérôme Alquié
Scénaristes : Jérôme Alquié et Arnaud Dollen
Editeur: Kana
L’histoire de ce #1 en quelques lignes…
Ayant choisi de remplacer son frère Shun sur la terrible île de la Reine de la Mort afin de conquérir son armure, Ikki sera entrainé dans le sang par son maitre Guilty.
Alors que les chevaliers d’Athéna se reposent de leurs combats contre les chevaliers d’Argent et pansent leurs blessures, surgissent de nouveaux chevaliers menés par Drachme, à la recherche du félon Ikki.
Ce mystérieux guerrier a le pouvoir d’altérer les sens de son adversaire en lui donnant l’impression qu’il porte ses coups à une vitesse supérieure à la vitesse du son !
Qui donc sont ses mystérieux « heures », quel maitre servent-ils ? Et pourquoi veulent-ils à ce point attenter à la vie d’Ikki ?
Ce qu’on en a pensé…
Les éditions Kana ont surpris le monde de la BD et du Manga en 2017 en créant une collection « Classics » sous laquelle sont éditées des mangas cultes transgénérationnels mais colorisés, en format BD et créés par des auteurs francophones. Ainsi, sont sortis le triptyque « Albator, Arcadia de ma jeunesse » (déjà créé par Jérôme Alquié), puis l’année passée l’exceptionnel « Goldorak ».
Leur nouveau coup éditorial est donc cette année l’annonce d’un nouveau Saint Seiya en 5 volumes.
Certes, le monde de l’édition regorge déjà de pseudos-reprises mais force est de constater que jusqu’à présent, la qualité des œuvres en ont époustouflé plus d’un : Leiji Mastumoto (auteur d’Albator) s’était même déplacé à la Japan Expo pour co-dédicacer les Albator, Go Nagai (Goldorak) a suivi de très près la sortie de ce One-shot européen l’année passée et cette année, le premier tome de ce nouveau Saint Seiya a été rendu Canon par Masami Kurumada lui-même puis pré-publié en avant-première et en 2 parties au pays du soleil levant !
Après avoir donc fortement apprécié les Albator, été époustouflé par le Goldorak, qu’avons-nous pensé de cette nouvelle reprise sous la coupole « Classics » ?
Les 5 tomes annoncés seront chacun centrés sur un des chevaliers d’Athéna : ainsi, ce premier opus met en l’honneur Ikki, chevalier du Phénix, tandis que le suivant apportera un éclairage neuf sur son frère Shun. Jérôme Alquié a par ailleurs déjà spécifié que le dernier tome sera consacré à Seiya.
Les 2 scénaristes ont passé beaucoup de temps à veiller à la cohérence de leur histoire en lui permettant de s’insérer dans le gigantesque univers créé par Masami Kurumada ; ainsi, l’aventure trouve place avec doigté dans les interstices laissés vacants lors du premier Arc, jusqu’à l’arrivée des chevaliers d’or. Grâce à un twist scénaristique, les tomes suivants se dérouleront durant d’autres temporalités de la saga originale.
L’autre point sur lequel Jérôme Alquié était attendu fut bien entendu l’aspect graphique ! Qui a déjà tenu en ses mains un manga du Seinsei sait combien le dessin du manga diffère de celui de l’Anime ! Et très honnêtement, tout le public européen a découvert Saint Seiya avec le graphisme de l’Anime (réalisé par Shingo Araki et non celui de Masami Kurumada). Notre dessinateur a choisi de suivre cette voie, à notre grand soulagement. Néanmoins, le CharaDesign des personnages et de leur armure nous semble étrangement en-deçà des capacités de l’auteur ???
Notre point de vue se base sur son fantastique travail graphique réalisé sur les « Albator ». On pensait donc qu’il parviendrait à couler son style dans les traces de Shingo Araki mais on butte tantôt sur un relief trop abrupte d’une armure, tantôt sur des traits de visage trop acérés parfois encore sur un souci de proportionnalité de certains personnages…. Soit, notre cornée rétienne y survivra et après quelques pages, on s’est très vite adapté à cette légère variation…. D’autant que le travail de colorisation est tout simplement divin (regardez bien les reflets sur les armures !)
L’introduction donc du Dieu Chronos (car oui, c’est bien lui le Boss final dont il s’agit), de ses 12 Heures et d’une troupe de Lepta & de Sigma (équivalant aux chevaliers d’Or, d’Argent et de Bronze) pose directement la tension comme lors de l’introduction du mythique Arc d’Asgard. La motivation de Chronos de vouloir devenir le 13ème Dieu primordial est totalement crédible, et son pouvoir de lire le passé et le futur donne froid dans le dos !
Mieux encore : l’intrication de ce scénario original avec le Lore que l’on connait tous se fait sur plusieurs niveaux et tout reste cohérent ! En grand fan du Manga, nous n’avons -à l’aune de la lecture de ce 1er tome- trouvé aucune faille ! Bravo donc aux 2 scénaristes, car l’exercice était très aventureux !
2 mentions spéciales encore : les 3 tisseuses, bénéficiant d’un traitement scénaristique très fouillé et la tragique histoire de Guilty, victime des manipulations du grand Pope et qui deviendra alors ce maitre sanguinaire du chevalier du Phénix…
Une dernière particularité sur cette édition porte sur l’existence d’une édition Collector : d’un format plus grand, elle dévoile de nouvelles informations pour les fans hardcore du manga ainsi que nous présente les recherches graphiques de l’auteur. Attention : malgré un tirage conséquent, ce collector est épuisé depuis fort longtemps chez l’éditeur.
Avec beaucoup de chance, vous en trouverez encore un dans une librairie reculée des Ardennes belges ou françaises ?
Milan Morales