Ayako, l'enfant de la nuit
Dessinateur : Kubu Kurin
Scénariste : Osamu Tezuka
Editeur: Delcourt
Résumé :
Les Tengé, les plus grands propriétaires terriens de Yodoyama. Quand le fils cadet, Jin, revient au pays après plusieurs années d’absence, il découvre avec effroi une situation inimaginable : son père Gôki couche avec la femme de Kazuma, son fils aîné. En naît Ayako, fille de l’inceste et de la honte. Kazuma ne dit rien, sachant que de sa docilité dépend son héritage, mais maltraite Ayako et Ryôko, une autre fille illégitime du père.
Le patelin lui-même est un vrai panier de crabes : l’argent, la politique et des allégeances troubles enchaînent tout le monde dans les non-dits et les secrets de polichinelle qui valent plus que des vies. Au centre de toutes ces sordides luttes de jalousie et de pouvoir, l’innocence d’Ayako risque bien d’être la première victime.
Avis :
Ayako, l’enfant de la nuit est une réinterprétation d’une œuvre emblématique d’Osuma Tezuka déjà bien connu pour ses œuvres telles qu’Astro Boy et Le Roi Léo.
L’œuvre originale se passe dans l’après-guerre au Japon.
L’occupant américain impose ses volontés au vaincu exsangue dans un but « démocratique ». Les effets de la réforme agraire se font sentir jusque dans la région reculée du nord de Tokyo, Yodoyama, où la famille de grands propriétaires Tengé faisait la loi jusque-là. Jiro Tengé, prisonnier de guerre tout juste rapatrié, est devenu un agent secret au service des forces américaines. Il retrouve une famille dont les liens se sont singulièrement dénaturés. Maudite par sa naissance, sa « sœur », la petite Ayako, sera le jouet du destin.
Dans cette réadaptation, l’auteur, Kubu Kurin décide de transposer l’action de nos jours, dans une ville imaginaire. Il a également changé les personnages, les noms des protagonistes et leurs métiers. Ils explique que leurs réactions peuvent également être différentes que ceux de Tezuka, la plus différente étant très certainement 0-Ryô…
Sachant que l’œuvre originale, est un ouvrage critique sur le Japon d’après-guerre (féodalité, luttes rurales, politique et influences américaines) ici il n’en est plus du tout le cas. On se fixe plutôt sur le drame familial où tous les membres de la famille sont soumis aux désirs du père et seigneur de ses terres.
Kubu Kubin étant spécialiste du hentai (manga érotique et plus…), son œil est un peu trop posé sur l’érotisme des protagonistes, surtout les femmes, bien entendu. Même si clairement, le pouvoir du seigneur passe par le fait qu’il soumet les femmes à son propre désir, je ne vois pas pourquoi il fallait à ce point redessiner ce manga comme tel.
En mettant cet accent érotique, on perd ici toute la noirceur et l’ambiance dramatique de cette histoire, la qualité du scénario en est amoindrie. C’est vraiment dommage pour une œuvre telle que celle-ci.
Comme dans la première œuvre, cette réadaptation se finira en trois tomes.
Pour ma part, le premier ne m’a pas transporté… Peut-être que le deuxième qui sortira le 2 juin 2021 sera de meilleure qualité scénaristique ? Nous verrons…