Reid Eckart
Scénariste : Jean-Luc Istin
Dessinateur : Seure-Le-Bihan, Erwan
Coloriste : Seure-Le-Bihan, Erwan
Editeur: Soleil
L’histoire de ce 1er tome en quelques lignes… par l’éditeur (et sa bande annonce)
Je suis le I.S.S. Sniper Reid Eckart, on me surnomme Stock parce que je moissonne la mort et fais un stock de cadavres là où je colle mes bottes. Comme on arrive, on repart. On enchaîne les missions parce que le vent de révolte sur des planètes aussi éloignées, ça souffle plus vite que l'ordre. Ça, c'était avant ! Car depuis qu'on nous a envoyés sur Okeelia, faut bien l'avouer, la donne a changé !
50% hommes, 50% machines, 100% assassins ! On est au service des pires enfoirés, ceux de la fédération des planètes unies.
On est les meilleurs, capables de shooter une mouche au sol depuis un croiseur spatial en orbite.
Ce qu’on en a pensé…
Au premier regard, l’amateur de BD SF pense immédiatement à la série « La Caste des Méta-Barons » & dérivées, tant le personnage principal impose son charisme avec sa force brute et ses réflexions métaphysiques basiques… (Ca n’en a sans doute pas l’air, mais c’est à nos yeux un compliment !)
Graphiquement aussi, on ne peut s’empêcher de retrouver la patte d’un Gimenez, grand maitre graphique dans les pauses, les attitudes monolithiques des intervenants… et encore une fois, le faciès de l’Amiral nous rappelle étrangement quelqu’un… ;)
Les planches proposées par Erwan Seure-le Bihan sont donc magnifiques, emplies d’une noirceur crasse et calibrées avec le langage du héros ! La double-page d’entrée montrant l’armada de la Fédération est magnifique aussi…
En second plan apparaissent ensuite très vite d’innombrables autres références à notre pop-culture : le nom de la drogue (Koropnite), le « corps » du héros qui se (dé/re)compose comme la Reine Borg dans Star Trek,…. Et beaucoup d’autres.
Mais un autre parallélisme avec une autre œuvre littéraire culte apparait aussi : Dune, la fresque littéraire de Frank Herbert qui (re)pointe justement le bout du nez sur grand écran, grâce au travail de Denis Villeneuve (et la bande annonce qui vient de sortir envoie du très lourd d’ailleurs !)
Pour qui connait l’œuvre, les snipers de la fédération des planètes unies (encore une référence trekkienne, tiens) font furieusement penser aux gros bourrins bardés de muscles et de flingues de la garde impériale…. L’envie d’indépendance du peuple d’Okeelia n’est possible que grâce à un minerai ultra-rare et dont dépendent toutes les planètes de la fédération…. Exactement comme pour la planète Dune et son incroyable « épice »…
Jean-Luc Istin ne nous offrirait donc qu’un vague repompage de différentes œuvres maladroitement agencées et bourré de testostérone, à destination d’un public fan de Doom ?
Que nenni mon seigneur, l’homme est bien plus malin que ça ! L’adage dit que le Diable se cache dans les détails…. C’est justement là que se trouve le génie narratif de ce scénariste digne de Mephisto !
Pour qui ne connait peu ou prou les précédentes références (shame on you !), la lecture de ce premier volume fait son job : une histoire de gros bourrins qui tout à coup change de point de vue et se rebelle contre l’ordre établi. Une seconde lecture est aussi possible (et on s’est personnellement éclaté à la faire) en recherchant les références culturelles dans lesquels baignent les 66 pages.
Mais c’est surtout dans le refaçonnage, dans la (re)composition générale de « son » histoire de Snipers -à partir donc d’éléments disparates connus- que Jean-Luc Istin excelle !
On s’est vraiment amusé à lire ce 1er opus et c’est le but : s’immerger dans une histoire qui n’est pas si bourrine que ça, un univers qui résonne bien à nos oreilles !
Le résumé fait par l’éditeur (que l’on a exceptionnellement recopié ci-dessus) annonce clairement la couleur ; si cette présentation ne vous plait pas, inutilement d’aller plus loin. Ce one-shot (le 1er d’une série de 5) atteints parfaitement l’objectif principal visé par les 2 auteurs : nous offrir un bon moment de détente sans prise de tête ni techno-blablas, où même les flingues parlent plus que les personnages ! Ah oui, ultime précision : ce n’est pas parce que la part belle est laissée aux armes qu’il n’y a rien à lire : notre héros « parle » beaucoup dans sa tête. L’utilisation d’une voix « off » est régulière dans les productions de Jean-Luc Istin.
Attention cependant : d’une manière générale, ce qui perd notre Méphisto de scénariste est qu’il se disperse souvent : il tient une idée de base géniale, créative, originale, annonce 4, 5, 6 tomes pour l’ensemble de la série puis… en rajoute une couche ! Le trop est l’ennemi du bien : on a adoré (réellement) les 6 premiers « Maitres inquisiteurs », les 6 originels « Androïdes » ou encore les initiaux de sa série « Conquêtes », puis on a souvent eu l’impression d’un effet de rallonge dans ses séries quand sont apparus des extensions, des séries dérivées….
Certes, Jean-Luc Istin est devenu l’une des principales locomotives des éditions Soleil et ses séries tournent très bien, mais a-t-il besoin d’en rajouter à chaque fois (ou presque) ?
Ceci est évidemment un avis tout à fait personnel ; cette nouvelle série est prévue en 5 tomes et on est bien hypé pour la suivre jusqu’à cette ligne (d’après les couvertures présentées, ils devraient être centrés chacun sur un de ces ISS Snipers).
S’il y a un « Après », on avisera alors…
Pour en savoir (encore) + …
Le making of : https://www.editions-soleil.fr/videos/decouvrez-la-creation-de-la-bd-iss-snipers
Milan Morales