La trace des nouveaux pionniers
Dessinateur : Didier Tarquin
Scénariste : Didier Tarquin
Coloriste : Lyse Tarquin
Editeur: Glenat
L’histoire en quelques lignes…
Alors que l’apprentie-nonne Mony coule des jours calmes et n’entrevoit son avenir que dans la spiritualité et le quiétude monastique, voilà que le jour de ses 18 ans, elle est éjectée du couvent des Nouveaux pionniers de Néo-Gaya!
Tout au plus reçoit-elle de la mère supérieure son héritage, abandonné avec elle à côté de son couffin lorsqu'elle était bébé : une vieille sacoche dans laquelle se trouve une petite boite scellée d'où elle sort une clef de consigne.
Ne sachant que faire de sa vie et de ce vaisseau, elle prend une grande décision : en compagnie d’un pilote ronchon et castagneur à ses heures, Cash, elle oeuvrera pour le bien de l’humanité !
Ce qu’on en a pensé…
Cette sortie d’album nous a scotché, et pour plusieurs raisons !
Didier Tarquin sans Arleston, son scénariste presque attitré, ça remonte à… très très longtemps ! (année ’90, avec « Les maléfices d’Orient », chez Soleil). Certes, il a déjà officié au scénario de séries (« Les ailes du Phaéton », « Krashmonsters » ou encore « SPEED »), mais c’est bien la première fois qu’il réalise seul le scénario et le dessin d’une série !
Didier Tarquin est intiment associé à l’éditeur Soleil : présent chez eux depuis le début, voilà qu’il sort sa nouvelle série chez Glénat… Besoin de changement sans doute, d’autant que Christophe Arleston travaille actuellement au développement de sa collection chez Bamboo, Drakoo.
Et puis, cet auteur est le père des 28 tomes des Lanfeust surtout ! 25 années qu’on a suivi les péripéties de ce rustre paysan, héros-malgré-lui… (vous pouvez d'ailleurs relire la chronique de son dernier tome ici)
En plus de tous ces facteurs, voilà qu’il nous sort ce volume 01 un mois après la sortie du dit-dernier Lanfeust !!! Alors oui, évidemment, ce tome était sans nul doute en travail depuis de longs mois, mais avouons que le coup médiatique est fort bien joué ! D’autant que Glénat a bien compris qui il avait accueilli et font un ramdam dans la presse spécialisée (voire tout public) conséquent !
Vous l’avez donc bien senti, on avait de beaux aprioris sur ce tome 1, mais qu’en est-il une fois l’album découvert et lu ?
Amateurs de jeux de mots et de calembours douteux et trollesques, passez votre chemin, vous n’aurez pas votre dose avec ce nouvel ouvrage (assez normal aussi : l’humour des Lanfeust provient du cerveau alambiqué d’Arleston).
Graphiquement par contre, et bien que les décors et le charaDesign des personnages soient fort différents, on peut difficilement empêcher un Tarquin de faire du Tarquin… Certes, certains dessinateurs s’y sont essayés et avec fruit (j’ai en tête les one-shots de Zep, à des années-lumières de son « Titeuf »), mais c’est une fameuse prise de risques…
Ultra-efficace et éprouvé par des années de pratique, le trait et le style adhère complètement à l’histoire, avec une mise en couleurs en parfaite symbiose (et ce malgré quelques relents de photoshoppage).
Ne cherchez pas non plus après de sculpturales créatures féminines et bien BadAss à la « Cixy » ; n’oubliez pas que l’héroïne était une nonne et bien que défroquée, on n'en voit l’ombre d’un « Saint » !
Non, la vraie nouveauté se situe sur l’histoire en elle-même : L’auteur nous entraine dans une quête identitaire : Mony cherche sa voie tout en enquêtant sur ses origines : son père, sans doute le plus violent et ténébreux général de l’armée des confédérés qui a disparu du jour au lendemain ; son héritage, avec ce vaisseau qui est bien loin d’avoir livré tous ses secrets, autour duquel notamment gravite ce drôle de personnage aux atouts Wolfveriniens…
Un autre personnage a bien des choses à révéler : Cash, ce vétéran taciturne et ténébreux est en quête de rédemption et semble fort troublé de la ressemblance de Mony avec une mystérieuse Jessy qu’il aurait connu il y a un certain temps…
Le tout saupoudré d’un mystérieux trésor amassé par le paternel disparu, n’en jetez plus : on tient une nouvelle série très efficace qui se repose sur plusieurs poncifs du genre : Space Opéra mixé avec du Western (un peu à la façon de la très bonne série « Firefly », de Joss Whedon).
Du classique donc pour les amateurs, rien de follement surprenant, mais l’univers et l’intrigue semble suffisamment bien ficelé pour qu’on vous recommande chaudement la lecture de ce premier volume !
Didier Tarquin a prévu de développer cette histoire sur 3 tomes ; un One-shot suivrait ensuite si le succès est au rendez-vous (mais on n’est pas inquiet !)
Bon, qui prendra donc sa double-dose de Tarquin cette année ? ;)
Pour en savoir (encore) +…
Une édition spéciale (que nous avons entre les mains apporte une jaquette sur papier glacé et une illustation complémentaire (et c’est tout), tandis qu’il existe aussi une édition Noir & Blanc visible -ici-
Et vous pouvez visionner aussi La bande annonce de la série dans un style très… Cash ! ;)
Milan Morales