L'ogre et le chevalier
Scénariste : Arnaud Le Gouëfflec
Dessinateur : Steven Lejeune
Coloriste : Roberto Burgazzoli
Editeur: Glenat
Mon avis
Traiter le sujet de la seconde guerre mondiale par le biais du frère d’un criminel de guerre, voilà une approche originale qui m’a séduit pour ce diptyque. Arnaud Le Gouëfflec (J’aurai ta peau Dominique A, Mondo Reverso) a pris le parti dans ce premier tome de rester dans le « soft ». On assiste aux interrogatoires d’Albert Göring, frère du SS bien connu, avec nombreux retours en arrière pour tenter de comprendre les liens unissant les deux frères mais on ne verra pas de prisonniers des camps en tenues rayées, ni de combats sanglants entre belligérants. Bien que traitant évidemment des nazis et des Juifs, l’auteur se cantonne dans le récit d’un conflit loin du front, relativement aseptisé donc mais très intéressant.
Au dessin, Steven Lejeune (Trop De Bonheur, Chroniques de Sillage) nous livre un résultat mitigé. Je me souviens de son trait dans TDB et il me semble différent sur cette histoire, certes plus dure. Bien que travaillés, les visages paraissent parfois un peu mal assurés mais par contre il ose des cadrages audacieux et l’ensemble de ce thriller judiciaire reste très agréable à lire. Par ailleurs la couverture est très bonne !
Bien que romancé, ce diptyque permet de nous éclairer sur un aspect méconnu de cet homme dont le nom a été difficile à porter après-guerre ; malgré ses actes pour sauver des Juifs et dissidents, il mourut en 1966 sans que son activité de résistant ne soit publiquement reconnue. En 2013, un dossier est introduit auprès du mémorial israélien pour l’holocauste pour le reconnaître « Juste parmi les nations » mais n’aboutira finalement pas par manque de preuves.
A lire aussi : « Kersten, médecin d’Himmler » où l’on retrouve aussi le parcours étonnant d’un proche d’un dignitaire nazi mais en rébellion par ces idées et qui a profité de son statut particulier pour sauver des juifs, recevant ainsi le titre de « Juste »
Maroulf