Série: Louise
Auteurs: Joël Alessandra, ¨Chantal Van den Heuvel
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
1928 : Louise Brooks, actrice, est au sommet de sa gloire. Elle a répondu à l’appel du réalisateur Pabst qui en fait d’elle une véritable hégérie pour tourner un film à Berlin.
Il faut dire que Louise s’est un peu grillée face aux directeurs de Hollywood, refusant que son cachet soit bradé suite à l’arrivée du cinéma parlant.
Si Georg Pabst voue une véritable admiration (pour ne pas dire passion) pour son actrice, celle-ci n’en demeure pas moins un être particulièrement peu raisonnable.
Au lieu de se reposer après une journée de tournage, elle part s’amuser jusqu’au bout de la nuit dans les boites berlinoises, s’acoquinant avec les joyeux fêtards locaux. Louise Brooks démontre une véritable liberté et émancipation par rapport aux hommes, fait très rare pour l’époque.
Ceci dit, sous une apparence très exubérante, festive et libérée, Louise reste sous l’emprise de son amant Georges. Elle reste également meurtrie par les blessures d’une mère égoïste et d’un beau-père pervers…
Au final, il restera une femme meurtrie par les hommes et désabusée par le monde du cinéma mais aussi une femme qui aura ouvert la voie à plus d’excentricité et de liberté à contre-courant de la moralité de l’époque.
Louise Brooks fait partie de ces femmes un peu à part qui s’endurcissent lorsqu’elles sont blessées dans leur enfance et prennent leur revanche en acquérant de l’admiration et de la renommée.
Cette bande dessinée présente l’avantage de décrire l’actrice sous toutes ses dimensions. Ses forces d’une part, lorsqu’elle impose son style de vie à son entourage, y compris son réalisateur et lorsqu’elle démontre son refus de « brader » son cachet suite à l’arriv ée du cinéma parlant ou encore lorsqu’elle décide avec qui elle veut (et ne veut pas) passer la soirée. Les feed-backs démontrent par contre sa fragilité liée à une mère qui n’avait aucune considération pour elle et fermera les yeux sur son compagnon pédophile. Sa dépendance à un amant qui peut se montrer violent n’est probablement pas sans liens avec ces blessures de jeunesse…
On ne peut dès lors que ressentir une certaine admiration pour ce personnage au caractère fort, vivant sa vie comme elle l’a décidé, se souciant autant du qu’en dira-t-on que de ses corsets (qu’elle ne portera jamais alors que c’était encore la mode de l’époque). Le dessin et les couleurs d’Alessandra se révèlent bien appropriés pour dépeindre cette ambiance typique de l’époque. A écouter avec une petit fond de musique de fox-trot pour replonger dans l’ambiance de la belle époque…