American Flagg!
Scénariste : Howard Chaykin
Dessinateur : Howard Chaykin
Dessinateur : James Sherman
Dessinateur : Rick Burchett
Dessinateur : Pat Broderick
Coloriste : Leslie Zahler
Coloriste : Linda Lessmann
Coloriste : Brian Haberlin
Editeur: Urban Comics
2031 : une série de catastrophes de grande ampleur a forcé le gouvernement des États-Unis à se relocaliser sur Mars : à présent, les grandes métropoles américaines, dont Chicago, se réorganisent autour de centres commerciaux géants et se gavent de programmes putassiers aux messages subliminaux ultraviolents.
Dans ce contexte délétère, l’arrivée dans les forces de police des Plexus Rangers de Reuben Flagg, ancienne star de série TV, va mener la ville à la révolte et peut-être… à une seconde révolution.
Inédit chez nous, American Flagg! date pourtant de 1982 pour être précis. Le début des années 80 c’est : l’arrivée au pouvoir de l’ultraconservateur Reagan avec son envie d’en découdre avec les rouges, Rollerball quelques années plus tôt, l’apparition d’une chaine de télévision bizarroïde où il n’y passe que des clips vidéos affublée d’un nom qui deviendra iconique : MTV et surtout Blade Runner, dont AF! apparaitra au générique du côté des inspirations. C’est une époque de changement radicale et Howard Chaykin y semblerait pour quelque chose dans l’univers du comics, avec son style d’écriture et de dessin inédits alors.
C’est peut-être ici la faiblesse de ce recueil : sortir en 2022. Blade Runner a depuis eu son remake, Cyberpunk 2077 a fait beaucoup parler de lui ces deux dernières années et le genre en général n’a jamais été aussi exploité que maintenant. Sans compter Mad Max qui a eu ses heures de gloire. American Flagg ! parait du coup bien vieux jeux il est vrai et c’est pourquoi il est bon de se remémorer la date de la toute première publication de celui-ci.
Il fera en effet plus l’objet d’une pièce de musée que d’une œuvre qui puisse bousculer les codes de nos jours. Pourtant son style est très particulier. S’il était révolutionnaire à sa genèse, il sera surtout difficile à appréhender maintenant, tant l’auteur a poussé loin son génie graphique. De façon quasi insipide, nous bénéficions fréquemment de son influence dans nos comics, tant au niveau de la mise en page franche et dynamique que par son scénario complexe et clairvoyant sur notre société. Pour ce qui est du graphisme, il a certes pris un coup de vieux mais je suis certain qu’il trouvera encore son public parmi vous.
Si ce premier recueil s’adresse clairement aux collectionneurs et grands théoriciens de l’univers des comics, il n’en reste pas moins intéressant pour les amateurs du cyberpunk et d’histoires post-apocalyptiques. Ce sera alors une lecture entrecoupée de pose qu’il vous faudra appliquer, sous peine d’overdose de pop-art. Je suis pour ma part très heureux d’avoir pu découvrir ce monument d’outre-Atlantique qui est resté trop longtemps inconnu d’une bonne partie du public.