La tristesse du pire visage du monde
Scénariste : Eric Powell
Dessinateur : Stéphanie BUSCEMA
Editeur: Delcourt
Nous retrouvons Chimichanga et Lula pour un deuxième opus. Ce monstre gentil et cette petite fille barbichue se débrouillent tant bien que mal pour se bâtir une existence dans ce monde mystérieux. Ils font la connaissance d’un bien étrange garçon, si affreux, qu’il se cache derrière ses cheveux. Pourra-t-il trouver la paix et le bonheur en rejoignant le cirque où vivent Lula et son monstre ?
Mon avis:
Contrairement au premier tome, nous ne retrouvons pas Eric Powell au dessin mais bien à l’écriture. Il laisse son crayon à Stéphanie Buscema et c’est pour moi une belle découverte, tellement son univers est proche de celui d’Eric, que j’affectionne énormément. Malgré tout, ce n’est pas « à la façon de » mais bien une touche très personnelle que nous livre celle-ci. La symbiose entre l’esprit du conte et le graphisme est parfaite, je comprends parfaitement le choix de Powell même si je n’en connais ni les tenants ni les aboutissants…
L’histoire est de nouveau parsemée de tout ce qui définit le scénariste, un mélange de glauque, de féérie, d’absurde, de rockabilly et d’une morale qui peut s’appliquer à notre quotidien, les monstres en moins (quoique…)
C’est toujours ce qui est étonnant chez lui d’ailleurs, cette apparente simplicité, voir naïveté derrière laquelle se cache quelque chose de plus profond qui fait réfléchir sur notre condition actuelle. Ici il n’y a pas de sermon, juste un constat, les choses sont là et dépeintes de façon absurde pour mieux coller à la réalité.
J’ai aimé voir une touche féminine dans cet univers si particulier. Cela démontre que le genre n’est pas genré si je peux me permettre cette formule. Et qui de mieux que Powell pour casser les codes sans complexes?
Alors bien sûr, j’en vois des regards inquiets, sceptiques, sur cette couverture et le synopsis n’aide peut-être pas beaucoup… Comment ouvrir ce tome et se plonger dans cette bizarrerie?!? Cela demande peut-être un peu d’ouverture d’esprit mais surtout de surmonter ses aprioris et alors vous serez surpris de voir à quelle vitesse l’on se fait happer par les contes loufoques d’Eric Powell, surtout quand une dessinatrice talentueuse y met sa touche!
Je suis conquis depuis longtemps par l’auteur et son monde bien personnel et je reste souvent étonné de redécouvrir sans cesse cette magie. Ce tome ne fait pas exception, tout ce que vous recherchez chez Eric Powell est là, même sans son trait!