Kill or be killed
Scénariste : Ed Brubaker
Dessinateur : Sean Phillips
Coloriste : Elizabeth Breitweiser
Editeur: Delcourt
DYLAN a 28 ans. Éternel étudiant après s’être fait virer de prépa, il vit du solde de son héritage et d’emprunts. Dylan est surtout quelque peu désabusé par le monde dans lequel il vit. Il faut bien avouer qu’entre le terrorisme, la criminalité en hausse, les bévues des policiers envers les hommes noirs - pour ne citer que quelques unes des plaies qui sévissent dans la société actuelle - il y a de quoi être passablement négatif. Sa vie, jusqu’alors rythmée par sa soif d’apprendre et sa colocation avec sa meilleure amie Kyra dont il est fou amoureux, prend un tour nettement différent après une tentative de suicide ratée. Cette fois, il est sauvé par un démon qui lui impose un marché : assassiner au moins un salopard par mois afin de gagner le droit de vivre !
Mon avis:
Il aura fallu la toute dernière page pour m’accrocher définitivement !
Au départ, j’ai lu cette histoire d’un oeil attentif mais un peu dubitatif je l’avoue.
Je me demandais comment Ed Brubaker allait nous surprendre dans cette histoire…
Les éléments de base sont présents: le gars paumé, la ville sombre, le temps pourris, le triangle amoureux… ok mais tout cela est plutôt attendu. Mais sournoisement l’ambiance sombre et lugubre s’immiscent et vous enveloppent pour ne plus jamais vous lâcher. C’est donc plutôt réussi de la part du trio Brubaker / Phillips / Breitweiser!
Le dessin et la colorisation plairont ou ne plairont pas mais cela fait le taf, plutôt bien même: l’encrage noir et les couleurs tranchées distillent un malaise qui se fait de plus en plus épais tout au long du récit. Bien joué!
Le découpage est plutôt académique et je n’adhère pas particulièrement à ces pages cadrées de colonnes de texte blanches qui cassent un peu le rythme de l’ensemble. Mais malgré tout, cela ne nuit pas plus que ça à l’histoire.
Après il y a un vrai travail sur les personnages. Ed Brubaker prend le temps de les esquisser avec soin et détails. Chacun a son bagage, pas très glorieux d’ailleurs et celui-ci justifie des choix malsains, douteux ou regrettables. Il y a aussi les questions morales qui sont posées tout au long du livre, à plusieurs niveau de gravité si je puis dire. Des choix qui en entrainent d’autres et finissent par noyer l’ensemble dans un océan de problèmes. C’est très bien écrit.
C’est au final une très bonne lecture que ce premier tome, Ed réussi à placer les éléments clés de l’histoire au bon moment, afin de vous tenir par la main jusqu’à cette fameuse dernière page qui remet en question toutes les certitudes que vous aviez bâties jusque là. Pourtant, plein de détails étaient disséminés ici et là. Bravo, je me suis fait avoir en beauté et ce n’était pas pour me déplaire!