Faune - Contes grivois et autres diableries
Dessinateur : Jean-François Charles
Scénariste : Maryse
Editeur: Kennes
Mon avis
J’avais déjà écrit dans une chronique précédente (cfr ici) que Kennes attirait de très bons auteurs, et voilà que les ont aussi rejoints Grenson (Nageur solitaire) et les Charles !
Jean-François et Maryse sont des grands auteurs vraiment charmants, j’ai eu l’occasion de les rencontrer encore très récemment à l’occasion de la sortie du tome 3 de China Li (lire notre interview), et cet album est le troisième qu’ils publient cette année (en comptant le mini recueil auto-édité) ! Certes, le Covid les a contraints à rester chez eux, comme tout le monde, et sans rencontre avec le public pour des festivals ou des dédicaces en librairies, évidemment ils ont pu travailler d’autant plus, mais tout de même il faut relever que produire trois albums de qualité en un an n’est pas chose aisée !
Cet album est plus particulier car légèrement grivois et ne conviendra donc pas à tous les publics, mais le splendide dessin en couleurs directes de Jean-François ne peut qu’émerveiller les lecteurs. Le livre est dédié aux faunes que les tracteurs et autres monstrueuses machines agricoles ont fait fuir…
L’objet en lui-même est magnifique : un gros bouquin de 128 pages sur beau papier, avec une couverture enluminée de dorures autour du faune et de l’une de ses belles conquêtes…
Mêlant habillement une trame générale autour des récits des différents pèlerins, Jean-François Charles nous offre petits textes (en vieux François), planches de bandes dessinées, et superbes compositions graphiques sur un ton léger, avec en fil conducteur un faune qui se balade dans chacune des 6 histoires contées par le laboureur, le chevalier, un peintre, un mercier, un collecteur d’impôt et une veuve surnommée l’empoisonneuse. Mais ces histoires au départ assez anodines deviennent grivoises, dans l’esprit des « Contes de Canterburry » de Chaucer ou du « Décaméron » de Boccace…
Première histoire du laboureur sourd et muet, donc uniquement des magnifiques illustrations pleine page, contant la rencontre (rêvée ?) entre une paysanne et un faune ;
Seconde histoire racontée par le chevalier Perceval qui se sent obligé d’ajouter un faune dans le conte de Daphnis et Chloé ;
Vient ensuite le Mercier et son récit sur la belle Grisandole, mais à l’âme vile ;
Le peintre voit son heure de gloire dans la soirée grâce à ses talents d’illustrateur, et imagine un récit sur un vieil alchimiste ;
Le collecteur d’impôts est vil, mais déroule une petite histoire sur deux nonettes, probablement dans l’espoir de mendier un peu de compassion auprès des autres pèlerins ;
Et enfin la jeune veuve, à peine 30 ans et déjà deux maris enterrés… Serait-elle empoisonneuse ? C’est de la jeune princesse esseulée et chagrine Etheldrède dont elle nous parlera.
Clins d’yeux amusants : les petits nains disséminés dans les récits (combien en comptez-vous ?), la mise en garde de première page « édité sans l’autorisation de l’Inquisition par Kennes », ou encore l’arbre à vits que l’on croise à deux reprises dans l’album.
En outre un jeu de l’oie grivois est inclus dans le premier tirage, donc ne tardez pas à vous procurer ce beau livre 😊
Ames chastes et (trop) vite froissées, passez votre chemin. Pour les autres, une chouette idée cadeau pour Noël ! Pour ma part, un coup de cœur amplement mérité pour ce superbe objet !
Maroulf