La fin de ce dyptique, en quelques lignes…

An 1738, Cap-francais à Saint-Domingue.

Barbe-rouge est devenu Corsaire du Roy ; sa mission ? traquer le Spectre, flibustier français de son état, qui rançonne tous les navires pénétrant dans la baie de Pamticoe Sound. 

mettre fin aux agissements. Mais au terme de la première partie de ce dyptique, Barbe-Rouge est en fâcheuse posture et son fils adoptif, Éric, ne vaut pas mieux : en compagnie des fidèles lieutenants de son père, Baba et Triple-Pattes, il se morfond dans un cachot.

Le Spectre semble sur le point de triompher. Mais il y a un dieu pour les pirates... Ou plutôt,
une déesse, en la personne de la belle vipère Concha, devenue maîtresse attitrée du Spectre. Elle s’apprête non seulement à délivrer Éric et ses amis, mais aussi à lui révéler un secret...

Qu’en a-t-on donc pensé ?

En 2020, Barbe-Rouge faisait un retour fracassant sur les étagères de nos libraires : pensez-donc : ce premier nouveau tome avait même été l’un des 6 coups de cœur de l’année 2020 à la rédaction de GénérationBD !

Avouons donc sans vergogne que ce fieffé renard nous avait bel et bien tous entourloupé en se rangeant du bon côté de la loi, sous le drapeau du Roy de France ! 

Aujourd’hui donc, nous tenons en nos mains la fin de cette 1^ère « nouvelle » aventure de Barbe-rouge.  Est-ce que son dénouement s’avère à la hauteur ? 

Parlons tout d’abord de sa partie graphique : Stefano Carloni s’avère être le parfait successeur au maitre originel, Victor Hubinon : les scènes de combats, tant sur l’eau avec les navires sous le feu nourri des boulets de canon qui s’entredéchirent et sombrent dans les abysses, que sur Terre lors notamment de l’évasion des geôles ou de la mise à mort silencieuse du pauvre garde de ce bastion, sont parfaitement rendues. Les cases fourmillent de cette crasse caractéristique des ruelles sombres des bourgs antillais d’alors…. On se surprend même à sentir l’haleine fétide de l’édenté lorsqu’il houspille vainement son équipage à poursuivre les navires espagnols !  La colorisation assoit définitivement les ambiances, grâce à un magnifique rendu dans les scènes nocturnes ou emplie de chaleur lorsque les personnages évoluent en pleine lumière De l’art… du grand Art, assurément !

Sur l’histoire, là aussi, on est bien servi : l’évasion astucieuse mais ô combien dure de Barbe-rouge avec son jeune moussaillon Rico nous rappelle bel et bien que notre héros barbu est avant tout un homme qui peut se montrer sans pitié aucune, quitte même à dévoyer un enfant innocent.  Mais la surprise viendra assurément de Concha, ancienne amante démoniaque d’Eric le Rouge que Jean-Charles Kraehn a exhumé des albums originaux * et qu’il a pris malin plaisir a réintégré dans cette nouvelle histoire, au travers d’une approche totalement inédite pour ce personnage en révélant notamment ses failles et sa faiblesse.

L’histoire donc tient totalement ses promesses, avec une évasion accompagnée d’une double alliance contre-nature qui ne peut que mal se terminer pour l’une des 3 parties ! Trahisons  et jeux de dupes à tous les étages, coups-bas, duel et retournements de situations…. Ces 2 fieffés bougres aux commandes de ce nouveau « Barbe-rouge » ont diablement bien cerné l’essence même des aventures du célèbre démon des Caraïbes !

Le prochain tome prendra le cap vers la mythique « île Tortue », célèbre repaire des pirates des 7 mers…

* Concha apparaissait dans « L’île des vaisseaux perdus », « Les disparus du Faucon Noir », « L’or maudit de Huacapac » et dans « La cité de la Mort ».

Pour en savoir (encore) + …

Kraehn (Jean-Charles)

Né en 1955 à Saint-Malo, Jean-Charles Kraehn commence la BD en autodidacte, puis étudie à l'école Estienne, à Paris. À cette période, il fait la connaissance de Patrice Pellerin, qui vit alors chez le célèbre illustrateur Pierre Joubert. Ces deux rencontres sont déterminantes ; il se met à travailler d'arrache-pied et reprend les bases du dessin académique : anatomie, perspective, composition, etc.

Son BTS en poche, il décide de se lancer dans le métier. S'ensuivent quelques années difficiles d'apprentissage, où il prend tous les boulots qui se présentent. Il réalise divers travaux d'illustration (pour les Scouts de France, Hachette...) et fait un passage éclair dans une agence parisienne de publicité, où il travaille six mois comme roughman. Mais la bande dessinée reste son objectif principal.

Son premier album est un album historique et didactique pour le Crédit agricole de l'Oise : "2000 ans d'histoire de l'Oise" (ID Program, 1982). Puis, toujours pour la même agence, il participe à "2000 ans d'histoire de la Bretagne", un album collectif dans lequel figurent de futures grandes signatures de la BD : entre autres, André Juillard, Michel Rouge, Lidwine, Erik Arnoux et Lucien Rollin.

Grâce à Pellerin, il rencontre Jean-Michel Charlier qui lui propose de reprendre le dessin de la série "Jacques Legall". Mais, trop occupé, le maître ne fournira jamais de scénario.

En 2006, Kraehn dessine le tome 4 de "Quintett" (Dupuis), pour Frank Giroud. La même année, il retrouve Pellerin, avec qui il avait imaginé en 1986 "Les aigles décapitées"(Glénat), une série médiévale dont ils réalisent ensemble les trois premiers tomes.

Kraehn signe, seul ou en collaboration, de nombreuses sagas, dont "Bout d'homme" (Glénat), "Tramp" (Dargaud), "Gil Saint André" (Glénat), "Le ruistre" (Glénat), "Myrkos" (Dargaud).

En 2016, il sort, avec Chrys Millien et Erik Arnoux au dessin, un spin off de "Tramp", "L'aviateur" (3 tomes, Dargaud).

En 2020, Jean-Charles Kraehn et Stefano Carloni signent le retour fracassant du plus célèbre pirate de la BD franco-belge, Barbe-Rouge, dans un diptyque très attendu !

Kraehn vit en Bretagne. Il est marié et père de trois filles.

Stefano Carloni

Stefano Carloni dessine depuis aussi longtemps qu'il se souvient. Après le lycée, il intègre la Scuola Internazionale di Comics de Jesi, d'où il sort diplômé en 2010. La même année, il commence à travailler pour différentes maisons italiennes : EMI edizioni, Arcadia, Manfont, Moretti Compact, Star Comics.

À partir de 2013, il propose ses services à des éditeurs francophones. C'est ainsi qu'il dessine "Sinclair" (Paquet, 2014), sur un scénario de Laurent-Frédéric Bollée, et "Les Savants" (Soleil, 2016), une série écrite par Luca Blengino.

En 2018, il met en images le deuxième tome du "Nouveau Monde" (Dargaud), une histoire de François Armanet et Jean Helpert.

En 2020, Jean-Charles Kraehn et Stefano Carloni signent le retour fracassant du plus célèbre pirate de la BD franco-belge, Barbe-Rouge, dans un diptyque très attendu !

Stefano Carloni est également enseignant à l'Accademia di Comics Creativà ed Arti visive de Jesi, en Italie.

Milan Morales