Le démon des Caraïbes est de retour!

Imaginé par Jean-Michel Charlier et dessiné par Victor Hubinon, ce pirate fut l’une des têtes de pont du journal « Pilote »!
Nous vous en avions parlé par le détail en Juin 2019.  Une année plus tard, le bébé est né (et bien né!)

Le résumé du 1^er tome de ces nouvelles aventures, en quelques lignes…

An 1738, Cap-francais à Saint-Domingue.

Barbe-rouge est devenu Corsaire du Roy.    Pour autant, il ne peut fermer sur les agissements de la noblesse oisive du gouverneur de l’ile Charles de Brunier et n’hésite jamais à faire tâter de ses poings les soldats maltraitant enfants ou pauvre hère …

Pour l’heure, les iles françaises sont en paix avec leurs voisins britanniques et espagnols et le fier capitaine s’ennuie mortellement ; « Sentir vibrer le pont d’un navire sur la vague, goûter l’âcre volupté du danger au combat !  C’est le sel de la vie.  Sans lui, tu la regardes passer comme un bovin. »

Heureusement, le gouverneur a une mission pour lui : traquer le Spectre, pirate français de son état, qui rançonne tous les navires pénétrant dans la baie de Pamticoe Sound. 

Obligé de se plier à cet injonction (il a occis par inadvertance un soldat du Roy et risque la corde au cou), Barbe-rouge s’engage dans cette mission, sur les terres de la perfide Albion…. Mais les apparences sont parfois trompeuses et le Spectre  a plus d’un tour dans sa besace !

Qu’a-t-on pensé de cette reprise ?

• Une dernière fois, Barbe-rouge, confesse tes péchés et repens-toi. Tu seras absous devant les hommes avant de paraitre au Tribunal de Dieu !
• Ha ! Ha ! Fariboles, cureton ! Je ne demande aux hommes ni leur pitié ni leur pardon car la foule est veule alors que moi, je suis libre.
  Quant à Dieu, c’est lui qui m’a jeté dans ce cloaque ! Pour y survivre, j’ai peut-être mal agi, mais j’ai agi comme il m’a fait, alors je ne crains pas son jugement. 
  Bourreau, fais ton office !
• A BAS L’ORDRE ROYAL ! VIVE LA FLIBUSTE !

Avec juste 3 cases de l’ouverture, j’ai été projeté dans cet univers de pirates tellement particulier qu’était celui créé par Jean-Michel Charlier… 
Son successeur, Jean-Charles Kraehn a donc bien réussit la difficile entrée en matière de cette reprise… Mais va-t-il tenir sur la distance ?  Un album ne peut se résumer à un bon mot, à une saillie fulgurante… 

De combien de reprises ai-je déjà été témoin dans ma vie d’amateur du IXème Art ? Combien d’entre elles se sont-elles montrées à la hauteur de l’œuvre originelle ?  Bien peu malheureusement…  Même de très grands auteurs se sont cassés les dents sur des reprises bancales ….

Dès lors, qu’est parti foutre ce gentil homme qu’est Jean-Charles Kraehn dans pareille galère ???  Il n’a plus besoin de reconnaissance pourtant ? 

Et si c’était tout simplement l’amour de l’œuvre, de son univers, des rafiots (et du parfum exaltant de son rhum, transpirant de chaque case) ?

Et si cet auteur avait voulu faire revivre un héros qui avait peuplé ses nuits de rêves d’aventures et des grands espaces ? 

Et si son amour pour la Mer était lié à ses origines ; il a dû en voir des barquasses quitter le port de Saint-Malo…

Peut-être est-ce son tour à présent de quitter la tranquillité de son foyer et d’embarquer dans une périlleuse aventure…  Le trésor promis est aguichant (les ventes d’une telle série seront assurément conséquentes), mais le chemin pour y arriver sera assurément emplis de bancs de sables et récifs, faisant échouer lamentablement son navire.

Assurément, que voilà un fier défi !?!

Pour ce 1^er diptyque, le scénariste a donc choisi de l’insérer juste après le cycle de la Corne d’or (dessiné par Joseph Gillain alias Jijé en ’79).  On y retrouve bien évidemment les fidèles comparses de notre pirate, à savoir son fils Eric-le-rouge, Barbe et Triple-pattes.

Bagarres, forfanteries, plan d’attaque, ripailles et trahisons… tous les éléments d’un bon Barbe-rouge sont bien présents dans ce tome.  Pour une première mise à l’eau, c’est une claire réussite, bravo !

Sur l’aspect graphique, on est certes loin des cases proprettes du maitre Victor Hubinon :  les différents protagonistes ont tous des « gueules », aucune n’inspire confiance.  L’univers dépeint par l’histoire est donc bien à la hauteur ; il m’a fallu aussi me faire violence pour m’arracher à la contemplation de certaines planches, véritables bijoux scintillants de mille couleurs (la planche avec les navires sur le soleil couchant est juste sublime !)

Cette nouvelle aventure nous permet donc de retrouver Barbe-Rouge et la flibuste, avec ce premier tome ambitieux et divertissant.  La suite de ce diptyque est déjà en chantier et arrivera sur les étals de nos braves libraires en 2021.
Kraehn et Carloni ont donc réussi le pari de nous séduire dès les premières pages. A confirmer donc dans le tome 02 « Les chiens de mer » !

Pour en savoir (encore) + …

Kraehn (Jean-Charles)

Né en 1955 à Saint-Malo, Jean-Charles Kraehn commence la BD en autodidacte, puis étudie à l'école Estienne, à Paris. À cette période, il fait la connaissance de Patrice Pellerin, qui vit alors chez le célèbre illustrateur Pierre Joubert. Ces deux rencontres sont déterminantes ; il se met à travailler d'arrache-pied et reprend les bases du dessin académique : anatomie, perspective, composition, etc.

Son BTS en poche, il décide de se lancer dans le métier. S'ensuivent quelques années difficiles d'apprentissage, où il prend tous les boulots qui se présentent. Il réalise divers travaux d'illustration (pour les Scouts de France, Hachette...) et fait un passage éclair dans une agence parisienne de publicité, où il travaille six mois comme roughman. Mais la bande dessinée reste son objectif principal.

Son premier album est un album historique et didactique pour le Crédit agricole de l'Oise : "2000 ans d'histoire de l'Oise" (ID Program, 1982). Puis, toujours pour la même agence, il participe à "2000 ans d'histoire de la Bretagne", un album collectif dans lequel figurent de futures grandes signatures de la BD : entre autres, André Juillard, Michel Rouge, Lidwine, Erik Arnoux et Lucien Rollin.

Grâce à Pellerin, il rencontre Jean-Michel Charlier qui lui propose de reprendre le dessin de la série "Jacques Legall". Mais, trop occupé, le maître ne fournira jamais de scénario.

En 2006, Kraehn dessine le tome 4 de "Quintett" (Dupuis), pour Frank Giroud. La même année, il retrouve Pellerin, avec qui il avait imaginé en 1986 "Les aigles décapitées"(Glénat), une série médiévale dont ils réalisent ensemble les trois premiers tomes.

Kraehn signe, seul ou en collaboration, de nombreuses sagas, dont "Bout d'homme" (Glénat), "Tramp" (Dargaud), "Gil Saint André" (Glénat), "Le ruistre" (Glénat), "Myrkos" (Dargaud).

En 2016, il sort, avec Chrys Millien et Erik Arnoux au dessin, un spin off de "Tramp", "L'aviateur" (3 tomes, Dargaud).

En 2020, Jean-Charles Kraehn et Stefano Carloni signent le retour fracassant du plus célèbre pirate de la BD franco-belge, Barbe-Rouge, dans un diptyque très attendu !

Kraehn vit en Bretagne. Il est marié et père de trois filles.

Stefano Carloni

Stefano Carloni dessine depuis aussi longtemps qu'il se souvient. Après le lycée, il intègre la Scuola Internazionale di Comics de Jesi, d'où il sort diplômé en 2010. La même année, il commence à travailler pour différentes maisons italiennes : EMI edizioni, Arcadia, Manfont, Moretti Compact, Star Comics.

À partir de 2013, il propose ses services à des éditeurs francophones. C'est ainsi qu'il dessine "Sinclair" (Paquet, 2014), sur un scénario de Laurent-Frédéric Bollée, et "Les Savants" (Soleil, 2016), une série écrite par Luca Blengino.

En 2018, il met en images le deuxième tome du "Nouveau Monde" (Dargaud), une histoire de François Armanet et Jean Helpert.

En 2020, Jean-Charles Kraehn et Stefano Carloni signent le retour fracassant du plus célèbre pirate de la BD franco-belge, Barbe-Rouge, dans un diptyque très attendu !

Stefano Carloni est également enseignant à l'Accademia di Comics Creativà ed Arti visive de Jesi, en Italie.

Milan Morales