Le banquier du Reich
Scénariste : Pierre Boisserie
Scénariste : Philippe Guillaume
Dessinateur : Cyrille Ternon
Editeur: Glenat
Lorsque Hitler commence à avoir son succès avec son parti le national-socialisme, celui-ci est séduit par le travail de Schacht et va lui demander de le conseiller sur les questions économiques pour très vite le renommer directeur de la Reichsbank et un programme massif de construction et d’industrialisation va être mis sur pied, redressant la situation économique.
Seule ombre au tableau pour Schacht : le mouvement national-socialiste veut investir de manière disproportionnée dans l’armement par rapport aux autres investissements et les populations juives vont être spoliées de leur bien; ce que Schacht ne va pas apprécier car ce n’est pas bon pour l’économie. Le fait que l’adjoint Rolf Lübke est d’origine juive va également lui poser problème… Schacht sera démis de ses fonctions par Hitler et tentera de renverser le régime Nazi mais c’était déjà un peu tard…
Mon avis
L’histoire allemande sous le régime nazi a déjà été abordée sous de multiples formes mais il faut reconnaître que l’aborder via la personnalité de Hjalmar Schacht est une manière plutôt originale… La forte personnalité du banquier qui semblait davantage préoccupé par la situation budgétaire de l’Allemagne plutôt que par les dimensions éthiques ou des considérations pour le peuple juif est effectivement une manière particulière d’aborder l’émergence du régime du führer. Il ne remet pas en question le réarmement de l’armée sur le principe mais plutôt sur le fait que cela coûte cher au pays…
La manière dont le personnage est présenté induit un double sentiment. D’une certaine manière, il force à la l’admiration lorsqu’il semble mettre les intérêts de l’Allemagne devant les siens, qu’il fait preuve d’une certaine intégrité et dit tout haut ce qu’il pense ou encore lorsqu’il développe des idées particulièrement créatives pour sortir l’Allemagne de sa situation économique désastreuse…Le personnage est cependant moins flamboyant lorsqu’il estime qu’il est le meilleur économiste du pays (probablement à raison) mais méprise tous ceux qui lui sont inférieurs. Son intelligence supérieure montre ses limites lorsqu’il se leurre sur les intentions de Hitler par rapport aux juifs, il semble même faire preuve de très peu d’empathie par rapport au traitement inégal subi par ce peuple…
Le personnage de Rolf Lübke apparait régulièrement en filigrane mais on peut s’attendre à ce que la personnalité de celui-ci soit davantage développée dans le tome 2.
Un premier tome donc plutôt réussi, bien servi par le dessin de Cyrille Ternon et qui permet de découvrir une personnalité de l’ombre qui a redressé l’Allemagne après la première guerre mais en la mettant de cette manière opérationnelle pour la seconde.
Phylact