Dans l’un des hôpitaux de la ville de Klowtown, au début des années soixante, une femme-médecin plus toute jeune, Emily, se souvient de l’époque enfuie de sa jeunesse passée au cœur de la vallée sauvage menacée par la poussée urbaine de Klowtown en plein essor. Elle a appris à vivre en autarcie avec Yuma, l’indien mutique et son inquiétant compagnon ailé, l’aigle Kraa, avec lequel s’est instauré un lien d’essence chamanique. Après des souffrances, paix et tranquillité semblent enfin régner mais ce n’est qu’un leurre. Les travaux de construction du futur barrage viennent juste de commencer ; une menace directe et immédiate pour le paradis jusqu’alors inaccessible. Il est temps pour le rapace et son compagnon de reprendre l’offensive contre les envahisseurs…
Après La Vallée perdue et L’Ombre de l’aigle, voici La Colère blanche de l’orage, dernier volet de la trilogie KRAA parachevée par Benoît Sokal, une grande fresque tragique imprégnée de mysticisme où rapaces, humains et animaux, s’affrontent pour défendre préserver leur univers.
A chaque livre que je fais correspond ma maturité du moment. Je n’aurais pas été capable de faire KRAA à vingt ans, parce qu’à cet âge là on est con et on n’a pas vécu beaucoup de choses, on n’a pas grand-chose à raconter. A cet âge là je faisais Canardo, je parodiais le roman policier, je me moquais de ses codes. Petit à petit mon monde s’est enrichi et cela m’a permis de raconter des choses plus personnelles et plus originales et de savoir les raconter. Comme dans tout métier, on acquière avec le temps un savoir-faire, en ce qui me concerne graphique et scénaristique.
Oui, il y a un fond personnel dans Kraa, je ne fais rien d’autre que de raconter des choses personnelles. Kraa c’est l’imprégnation d’expériences accumulées au fil des années plutôt que de l’apprentissage. J’ai passé pas mal de temps au Canada, quatre années et je partais souvent dans le grand Nord. Cela m’a bien sûr imprégné mais je n’ai pas été jusqu’à étudier les mœurs des derniers Indiens ! Pour tout ce qui est chamanisme j’ai passé du temps en Afrique, en Namibie où j’ai fréquenté des bushman. J’ai ainsi vu comment un peuple premier appréhende la nature.
D’autres éléments qui font que Kraa s’est construit, ce sont des choses que j’ai lues. En ce qui concerne les décors, je n’aimais pas les décors canadiens où il n’y a que des sapins, j’ai cherché des paysages plus grandioses et je les ai trouvées du côté du parc Yosémite, région peinte par tous les naturalistes du 19 ème siècle. J’ai vu toutes ces peintures au musée d’art moderne de New York et j’ai acquis tous les bouquins.
Ensuite il y a des éléments de l’actualité, comme le réchauffement climatique du grand Nord qui permet à des exploitations de voir le jour…
C’est comme des briques que j’ai assemblées, des choses qui n’avaient pas nécessairement à voir entre elles au début et qui finalement forment un tout !
Si j’avais eu ce scénario 20-30 ans plus tôt, je n’aurais pas attendu pour le faire, mais je l’aurais fait moins bien, car j’ai acquis un savoir-faire. J’ai cette facilité que je peux bouger mon style, d’ailleurs un style est un arrangement avec ses maladresses, j’ai essayé de ne pas faire avec ce que je pouvais mais avec ce que je voulais !
J’ai travaillé l’ambiance, les couleurs se sont imposées d’elles-mêmes, très automnales. Le climat participe ç l’ambiance que je voulais mettre dans le livre, la pluie, la tempête, le vent pour accentuer les côtés dramatiques, histoire que ce ne soit pas fade, que le lecteur soit dedans.
Pour en revenir à Canardo, je ne le dessine plus vraiment, je fais les personnages principaux, le scénario, j’assure la direction générale, mais je vous rassure il ne vieillit pas, il garde le même esprit et le même imper…
- SHESIVAN
- Interviews Ecrites