CAUCHEMAR DANS LA RUE - DAVID SALA RACONTE

L’enfer est, dit-on, pavé de bonnes intentions. C’est ce qui va arriver à Kléber, un flic qui marche droit. Son existence bascule le jour où il a un moment de faiblesse et vient en aide à son ami Marc qui se trouve du mauvais côté de la loi. Prenant sa défense, il descend trois truands. Le lendemain, sa voiture explose, entraînant dans la mort son épouse Elénya qui était tout pour lui. A partir de là, Kléber va se consumer dans une vengeance aveugle…

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David Sala, illustrateur pour la jeunesse, ose un pari énorme et difficile en adaptant l’oeuvre de Robin Cook, auteur de polar anglais et non l’auteur américain de thrillers médicaux. Car ce livre est d’une noirceur totale et habité d’une force incroyable, un thème totalement inédit dans le domaine du polar, le grand amour.

Le personnage principal, Kléber, est loin d’être le cliché du flics cynique et désabusé qu’on trouve au fil des polars… au contraire c’est un être droit et fragile, fou d’amour pour sa femme. Lorsque celle-ci est déchiquetée par l’explosion de sa voiture son univers explose et il sera littéralement hanté, (sur)vivant entre rêve et réalité et sombrant chaque seconde un peu plus. Sa déchéance est habilement soulignée par le dessinateur, la plupart des pages sont très noires et bichromes à part quelques scènes choisies. Des pages bourrées de gros plans pour mieux marquer le visage de ce héros qui se décompose au fil des pages, un héros qui finalement n’aura même plus la force de se venger. Pas de happy end, alors…

Cauchemar dans la rue est un récit d’une rare intensité, habité d’une puissance visuelle peu commune, une grande réussite de David Sala !

La raison la plus évidente pour adapter Cauchemar était que je n’avais jamais lu un livre pareil, aussi le fait surprenant qu’un auteur noir comme Robin Cook a abordé le sujet de l’amour avec autant de poésie ! En général les auteurs de polar ont tendance à éluder ce thème là… Dés la première phrase du livre, je me suis dit que c’était le bon choix ! C’est une histoire d’amour absolu, sans cynisme pour un personnage aussi noir que Kléber, on se demande comment un auteur de polar comme Cook a pu oser faire ça. En plus, il a terminé son livre en lui donnant une issue fantastique, quasi mièvre, du Walt Disney, avec du vrai romantisme… L’auteur réunit tous les clichés du genre mais sort rapidement des sentiers battus du polar…

Les scènes de flash back, de rêves sont en couleur directe, faites à l’aquarelle et toute la réalité est sur un papier teinté à l’ordinateur – pour donner plus de velouté - un mélange de deux styles graphiques, les scènes de réalité sont au crayon.

J’ai pris des libertés sur le roman parce qu’il me semblait que c’était nécessaire, une grande partie du roman était sur la culpabilité et je devais le raconter en images, je traite donc de cet état mais différemment, j’ai jugé bon d’ajouter des scènes que j’ai créées et qui ne figurent pas dans le livre...

Il y a très peu de bulles, les images doivent se suffire à elles-mêmes. Mes images racontent autre chose que le texte et le texte se fait complément de l’image !

Cette histoire là je me devais de la faire seul, je ne pouvais la laisser à quelqu’un d’autre, parce que il y a une sensibilité qui m’est propre, c’est extrêmement personnel !

C’est ma vision, dés le début j’ai proposé un flash back et mon éditeur n’en voulait pas mais c’est une question de point de vue d’auteur, c’est mon point de vue. Je voulais démontrer d’entrée de jeu que le personnage principal avait un rapport étrange avec la mort… J’ai d’abord construit mon scénario, mon découpage, l’important était pour moi de raconter cette histoire avec la plus grande justesse, d’y apporter une énergie, un rythme. J’ai dû faire des choix et j’ai gardé ce qu’il me semblait être l’essentiel.

Il y a une influence de l’auteur, je reste fidèle à l’auteur mais quand on travaille sur des adaptations de romans, on fait des choses très personnelles, on se sert de la substance de l’auteur en y insérant des choses qui sont propres, le texte de l’auteur sert de base.

Souvent c’est le style qui donne de l’intérêt au livre mais quand on enlève le style et qu’on prend uniquement le récit, ce n’est pas suffisant, certaines adaptations ne sont pas assez bonnes parce qu’on a oublié de réinventer l’histoire. Quand on adapte un roman on va perdre le style de l’auteur et il faut compenser par autre chose. La littérature à une force d’évocation que la BD n’a pas. En BD on compense avec la force d’évocation en images, l’image raconte autant que le texte, l’objet BD n’est pas l’objet livre, ce n’est pas un copier/coller !

CAUCHEMAR DANS LA RUE - DAVID SALA & ROBIN COOK fait partie de cette excellente collection moyen format créée par Casterman en association avec la collection de polars édités par Rivages/Noir.

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