1937. Picasso révèle au monde toute l’horreur de Guernica. À Paris, Léo fait partie d’un petit groupe de jeunes anarchistes troublés par l’actualité espagnole. Issu d’une famille bourgeoise, il décide d’aller se battre, encouragé par l’écrivain militant Victor Serge. Tel un fugitif en cavale, il gagne Saragosse et y rejoint la colonne Durruti, une brigade internationale où se retrouvent, engagés aux côtés des républicains espagnols, des combattants idéalistes de tous les horizons de la planète…
Malgré son nom, le dessinateur Eddy Vaccaro n’est pas espagnol mais bien français d’origine sicilienne. Venant de la musique rock il en est à son quatrième album. Quant à Maximilien Le Roy, scénariste engagé, globe trotter depuis ses 18 ans, il place l’improbable Sur les traces de Nietsche chez Lombard, coincé entre la famille Thorgal et le génie Léonard. C’est vous dire si il a du talent !
Ensemble ils ont créé ce one-shot épais dont la guerre d’Espagne n’est que la toile de fond, dépeignant les actions de ce jeune héros qui veut aller jusqu’au bout de ses idées et se rendra bien vite compte que la réalité est bien cruelle par rapport à sa droiture et ses valeurs. Une histoire romantique également puisque Léo rencontrera l’amour mais aussi la considération de son père qui a enfin ouvert les yeux et s’est détaché de sa matrone/bourgeoise coincée de mère. Le trait de Vaccaro est un crayonné brut superbement mis en valeur par Anne-Claire Jouvray, la coloriste qui, c’est une bonne surprise, figure avec les auteurs sur la couverture. Un récit fluide et scandé qui alter avec bonheur moment calme avec dialogues ciselés et pages d’action où la violence éclate et éclabousse par sa cruauté.
La guerre d’Espagne est un sujet que je ne connaissais pas trop étant donné que je n’ai pas de racines espagnoles mais une culture méditerranéenne. J’y vois un intérêt politique mais j’aurais très bien pu situer l’histoire dans un autre pays.
L’arrière plan est politique mais, comme c’est une fiction, il fallait inventer des personnages avec des liens, je trouvais intéressant de tisser une histoire avec des individus, je voulais que les personnages aient une vie à eux, travailler leur psychologie. Il y a une histoire d’amour mais aussi une histoire entre le père et le fils.
Nous n’étions pas limité par un nombre déterminé de page, j’avais écris mon scénario comme un film sans penser à le formater en BD, le projet était prévu pour un récit et un nombre limité de pages aurait raboté le rythme du récit. C’est très fluide, il y a des pages de silence, des non-dits, des pauses, ce qui aurait été impossible à faire avec un format standard de 48 pages. L’intérêt de la fiction par rapport à une biographie c’est qu’on peut imposer son rythme, avec des moments de tensions et de relâchement…
Il y a beaucoup de crayon, une technique mixte avec l’encre… Je faisais comme des croquis que j’affinais avec des crayons de plus en plus sec et parfois du feutre. Je modèle mes personnages puis je reviens dessus avec du tippex, comme de la peinture blanche, comme un peintre qui rajoute de la lumière sur son dessin. L’histoire aurait très bien passé en noir et blanc, les gris, je ne les ai pas forcés pour qu’il n’assombrisse pas la mise en couleur.
Les scènes que je préfère dessiner sont des scènes intimes, calmes, les scènes militaires me parlent moins, je ne suis pas fan des fusils …
Nous nous sommes connus sur un forum de BD et quand j’ai écris cette histoire, j’ai pensé à lui. En fait le scénario avait déjà été accepté par un éditeur avant que je la lui propose !
Nous avons un autre projet ensemble mais qui en est encore aux prémisses, l’histoire d’une jeune peintre, un personnage féminin. Nous avons d’abord pensé à Frida Calo mais je voulais un personnage moins connu et j’ai découvert l’impressionniste Lucie Couturier. Elle s’est retrouvée embarquée dans la première guerre mondiale, en contact avec des tirailleurs sénégalais et elle va les suivre après la guerre. Elle va faire des récits, des livres de ses voyages…
- shesivan
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