Interview BD:
Greg Shaw
scénariste / dessinateur
Série: Travelling Square District
Editeur: Sarbacane
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En attendant la chronique en instance de forumisation, Shesivan a rencontré Greg Shaw par claviers interposés, à propos de son étrange ouvrage intitulé Travelling Square District...
Shesivan : Pourriez-vous nous dire en quelques mots quel à été votre parcours ?
Greg Shaw : Alors, j’ai suivi des cours du soir en bande dessinée à l’académie des Arts de la Ville de Bruxelles. J’étais encore à l’aca quand j’ai réalisé mes deux premières bd.
SH : Vous considérez TSD comme une BD ?
G.S. : Oui, bien sûr. TSD fait encore plus bd que mes deux livres précédents, vu qu’il y a des personnages et des phylactères. J’y raconte une histoire à l’aide d’images, chaque case se justifie grâce à la suivante et/ou la précédente. Il s’agit donc bel et bien d’une bd.
SH : Quel a été le déclencheur, l’idée de base de TSD ?
G.S. : L’idée de Travelling Square District vient du premier chapitre de Parcours pictural. Il s’agit aussi d’un travelling horizontal et vertical le long de formes qui pourraient être des buildings.
Quelqu’un m’avait demandé un jour si j’avais dessiné cette image entièrement, je ne l’avais pas fait, mais cette question m’a belle et bien envoyé sur le concept de TSD.
SH : Comment élabore t-on ce genre d’histoire ? On part du dessin ou du scénario ?
G.S. : J’ai tout d’abord créé le concept. Ensuite j’ai dessiné l’image (image de couverture qui sert de décor pour toute l’histoire), j’ai pensé qu’un quartier populaire d’une grande métropole permettait beaucoup de possibilités. J’ai commencé à écrire le scénario quand l’image était déjà bien mise en place, l’idée du terrorisme s’est tout de suite imposé vu les gratte-ciels dominants. Une fois le scénario écrit, j’ai introduit les personnages dans le décor ainsi que les dialogues.
En gros j’ai fait les choses dans cet ordre : Concept -> dessin (couverture) -> scénario -> dessin (personnages).
SH : Où avez-vous été chercher tous les éléments pour « meubler » votre ville imaginaire, qui a quand même un petit air de New-York ?
G.S. : J’ai tout d’abord créé un photomontage afin de bien savoir quels éléments j’allais introduire dans l’image. Donc je suis parti d’une photo de Sidney à laquelle j’ai viré pleins de bâtiments pour en rajouter d’autres ainsi qu’un pont, une piscine des sculptures, etc… Toutes des images pêchées à gauche et à droite sur le net.
SH : Pourquoi avoir mis la statue de la liberté en cloque, à poil et un GSM en main ?
G.S. : Il me fallait un avant-plan pour équilibrer l’image et donner une âme au quartier qui est un peu le personnage principal de l’histoire. J’ai donc opté pour une sorte de statue de la liberté, nue pour bien la différencier de la vraie, enceinte pour l’esthétique et l’originalité, et le portable parce qu’il est hyper présent dans l’histoire, les protagonistes s’en servent beaucoup pour communiquer entre eux. À part ça il n’y a pas vraiment de symbolique.
SH : L’expo Darwin. Pourquoi ? Cela a-t-il quelque chose à voir avec le prix Darwin (rappelons qu’il s’agit d’un prix remis aux décès les plus stupides – rapport avec la mort du chef terroriste) ?
G.S. : Ha, je ne connaissais pas le prix Darwin… Il me fallait absolument le portrait d’un homme important et contesté, qui pourrait être victime d’une attaque terroriste. Et puis pour l’esthétique de l’image c’est bien aussi d’avoir un portrait géant exposé sur les immeubles.
SH : Pourquoi avoir nommé tous les personnages avec des anagrammes de votre nom ?
G.S. : Tout simplement parce que ça m’amusait, je ne m’étais jamais livré à cet exercice.
SH : TSD a-t-il été réalisé entièrement par voie informatique ?
G.S. : Le décor a été dessiné a la main, en plusieurs parties sur des feuilles A4. Si on rassemble toutes les feuilles, on obtient l’image qui fait 1m80 sur 1m80. La couleur ainsi que les personnages ont été réalisés par ordinateur.
SH : Quels sont les artistes que vous aimez ? qui vous inspirent ou vous ont inspirés ?
G.S. : Graphiquement j’ai été impressionné par le travail en couleurs d’Alberto Breccia. Il m’a beaucoup influencé même si actuellement je suis loin de son graphisme. Pour ce qui est de la narration, j’aime beaucoup Marc-Antoine Mathieu. C’est sans doute son travail qui m’a mis sur le chemin de l’expérimentation. Sinon je lis pas mal les productions de L’association et les auteurs autobiographiques américains.
L'auteur en compagnie de Guy Decissy (fondateur du CBBD) lors du vernissage de l'exposition au CBBD (accessible à la Gallery du 20/04/10 au 16/05/10).
http://www.cbbd.be/fr/actualite/162-travelling-square-district
Shesivan
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