LE DAHLIA NOIR - ROMAN CULTE POUR BD CULTE - MATZ

LE DAHLIA NOIR  par Hyman, Matz, Finchet et Elleroy - Casterman Rivages/Noir

Los Angeles Police Department, 1946. Dwight « Bucky » Bleichert fête son premier jour aux Mandats, le prestigieux service où rêvent de travailler la plupart des flics de la Cité des Anges. Il fera équipe avec Leland « Lee » Blanchard, un collègue qui comme lui a été boxeur, et qu’il a déjà affronté sur un ring. Malgré les non-dits entre eux, les deux hommes sympathisent. Ils ne savent pas encore qu’ils vont enquêter ensemble sur un crime qui va à la fois les rapprocher et bouleverser leurs existences : la mort atroce d’une jeune femme, Elizabeth « Betty » Short, surnommée le Dahlia Noir, dont on retrouve le corps mutilé dans un terrain vague, en janvier 1947…

Un quatuor de choc pour une oeuvre choc et chic à la fois. James Ellroy, écrivain, géant de la série noire, David Fincher réalisateur hollywoodien à qui on doit Zodiac et Seven, Matz auteur et scénariste BD du Tueur, du Plomb dans la tête et Miles Hyman, dessinateur BD et illustrateur des plus grands magazines.

Le Dahlia noir.

Un sommet du polar.

A présent un sommet de la bande dessinée.

Une promenade haletante le long de 170 pages d’une histoire faite de trahisons, portée par ce trait si gracieux, raffiné et élégant que seul cet Américain à Paris, Miles Hyman, peut proposer, le tout enjolivé par une couleur discrète qui reflète à merveille la lumière de Los Angeles, faite d’ombres et de lumière crue. Un scénario parfaitement millimétré par Matz qui a su rendre toute la saveur et la richesse du roman d’Ellroy tout en y insufflant son talent.

Une bande dessinée qui mérite de devenir aussi cultissime que le roman.

 dn

 

(J’avais interviewé Miles Hyman en janvier et nous avions déjà longuement évoqué son travail sur le Dahlia Noir. Au tour à présent de Matz)

ELROY

C’est un sommet, un vrai défi littéraire que de rendre l’esprit de ce roman en un nombre limité de planches … Une des conditions était que James Ellroy cautionne l’adaptation, il avait le droit de vie et de mort sur le projet ! Alors, j’ai fait un découpage complet en anglais. Ellroy est un homme impressionnant, il a grosse voix, des avis très tranchés. Au moment de lui envoyer le scénario j’ai eu peur. Et si il me demandait de tout recommencer ? Mais cela n’a pas été le cas, il l’a trouvé bien et ne m’a pas demandé de changer quoi que ce soit… Sur le coup j’étais très fier, j’avais le sentiment d’avoir réussi quelques chose et quand c’est paru nous nous sommes rendu compte de toute l’attention que cela attirait et que ce n’est pas une BD comme les autres, il y a plus que d’habitude.

J’ai vraiment voulu rendre l’esprit du roman, je ne l’ai pas trahi, il n’y a pas eu vraiment besoin que j’y mette toute ma sauce tellement l’œuvre est forte, impossible de faire mieux qu’Ellroy. Il y a une immense admiration pour son travail, c’est un grand styliste, un grand écrivain.

Il y a beaucoup de dialogues, ceux d’Ellroy sont remarquables, alors je les ai laissé intacts, pour la majorité les dialogues sont ceux de livre. Ellroy écrit des dialogues extraordinaires, cela aurait été contreproductif, inutile et prétentieux de vouloir faire mieux. L’idée était de se ménager la place pour garder les meilleurs dialogues, les plus percutants, il a fallut renoncer à certaines choses...

FINCHER

Fincher a eut un rôle décisif sur cet album puisqu’il a fait le découpage. Le découpage est un élément primordial dans une BD. Fincher est un grand amateur de BD, au départ il devait faire l’adaptation du film, il avait déjà réfléchi comment faire, comment traiter le problème narratif de l’œuvre d'Ellroy, mais finalement son film ne s’est pas fait. Quand je lui ai parlé de faire la BD je me suis rendu compte que cela l’intéressait toujours, il m’a soumis son idée du découpage de la page en trois strips, avec une case par strip, rendant une sorte d’image en cinémascope. Au début je n’étais pas très convaincu mais j’ai vu comment faire, ensuite on a discuté de l’album et avons résolu ensemble quelques problèmes narratifs pour synthétiser le roman.

HYMAN

Le choix de Miles Hyman s’imposait d’office, nous avions travaillé ensemble sur « Nuit de fureur ». Une grande partie de la raison pour laquelle James Ellroy a été convaincu d’accepter le projet a été Hyman et son « Nuit de fureur ». Je pense que Miles a ce dessin à la fois élégant et vintage sans être rétro, cela reste de la création pas de la référence. D’ailleurs si il avait dit non au projet cela ne se serait pas fait !

LE TUEUR

A la base j'ai rencontré Fincher parce qu’il allait faire l’adaptation du Tueur (la série avec Luc Jacamon au dessin), on est devenu copain… Je savais qu’il connaissait Ellroy mais je ne savais pas qu’il allait faire le film… Le douzième tome qui vient de paraître a pas mal la pèche, il a une sorte d’énergie, il lui arrive des tuiles et il se remet sur ses pieds…Cela commence avec une diatribe sur la corrida et cela se termine sur un rebondissement inattendu.

 

DU PLOMB DANS LA TETE AU CINEMA

Walter Hill en a fait une bonne série B, il y a des bonnes scènes, des bons dialogues. En fait il changé la structure de l’histoire, il n’en a pas gardé grand-chose. Mais on passe un bon moment, il y a des bons dialogues marrants de Stallone… C’est très divertissant !

CASTERMAN/RIVAGES NOIRS

Je suis co-directeur et co-créateur de la collection. On choisit les romans qu’on adapte ainsi que les équipes d’adaptateurs et on valide les adaptations. On ne laisse pas la brise sur le coup mais on ne laisse pas faire n’importe quoi non plus. Il faut que l’adaptation propose une vision personnelle de l’œuvre, car quand on adapte une œuvre on a tendance à se concentrer sur les thèmes qui vous parlent le plus, qui vous passionnent !

LOS ANGELES

J’ai habité Los Angeles durant les années 90 et 2000 et j’y vais encore régulièrement. Non, l’architecture de l’époque du Dahlia noir n’existe plus car c’est une ville qui change tout le temps. Ce n’est pas une ville verticale mais horizontale. Il n’y a que des bâtiments très bas, des immeubles de deux étages, alors ils les rasent et mettent autre chose…


L’œuvre est visible à la galerie Champaka, à Paris et Bruxelles, du 15 novembre au 8 décembre.



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