Série: Black Hammer #1
Auteurs: Jeff Lemire, Dean Ormston, Dave Stewart
Editeur BD: Urban Comics
Une chronique Comics: Génération BD
Synopsis
A Spiral City, les super-héros Abraham Slam, Dragonfly, Golden Gail, Barbalien, Colonel Weird, Talky-Walky… combattent l’anti-dieu. Ils l’ignorent, mais cela sera leur dernier combat pour protéger la ville et ses habitants. Un éclair de lumière et il se retrouvent ailleurs, dans une paisible bourgade qui ignore tout des super-héros. Mais l’un deux, Black Hammer, a disparu. Forcés de dissimuler leurs identités et leurs pouvoirs ils décident de faire profil bas et de se présenter à leurs nouveaux voisins sous les traits d’une famille fraîchement installée dans la région. Mais comme toutes les familles, les doutes et les rancoeurs ont leur place.
Jeff Lemire et Dean Ormston signent un récit protéiforme, qui emprunte autant les codes de la science-fiction et de l’horreur qu’à ceux du récit intimiste, récompensé par l’Eisner Award 2017 de la meilleure Nouvelle Série.
Mon avis
En voyant la couverture de ce comics book qui me faisait de l’oeil j’ai d’abord fait « woaw!»
Puis en l’ouvrant j’ai fait la grimace. Mais en le refermant j’ai fait à nouveau « woaw! ».
J’ai fini il n’y a pas longtemps la série télévisée Fargo, des très talentueux frères Cohen. J’ai adoré les trois saisons, je m’en suis régalé! Tout y est parfait: la lenteur du récit, le casting qui traduit si bien la naïveté des personnages, le côté « ploucs » des gens de ces petites villes perdues, leur côté torturé, mal dans leur peau. Les vieilles histoires qui trainent dans les rues depuis des générations…
C’est exactement cela Black Hammer, un récit comics à la Fargo. Des super-héros chez les ploucs. On y retrouve cette lenteur et cette ignorance qui façonne ces petites bourgades américaines. Le flic véreux, le prêtre, pilier de sa paroisse, le « diner » où tous se retrouvent pour un café et cette promiscuité qui devient oppressante avec le temps.
Ces super-héros ne sont pas venus seuls, ils ont bien sûr emmené avec eux leurs egos et leurs soucis personnels. Cela ne rend que plus compliqué le fait qu’ils sont interdits de voyage hors de cette ville miteuse. Le récit en devient plus profond, abordant des sujets de société et de psychologie. C’est tellement lent et profond à la fois, un régal!
Et puis débarque au milieu de tout cela un épisode digne d’Interstellar. Sans vraiment répondre à beaucoup de questions cet épisode nous éclair tout de même sur le caractère plus qu’improbable du colonel Weird, qui porte vraiment bien son nom (weird veut dire bizarre, étrange).
On sent bien que ce personnage aura un rôle important à jouer mais pas dans ce tome.
Enfin, cela saute aux yeux dès les premières pages, Jeff Lemire est fan de l’âge d’or et de ses films de sciences-fiction. Les années 50 et le temps de gloire du nucléaire, de Spoutnik et du fantasme de la conquête spatiale! C’est très inspiré mais comme ce comics a mis quelques années à voir le jour, c’est un univers original que nous offre Dean Ormston (qui a repris la plume suivant les croquis de Jeff), pas une pâle copie des classiques de cet époque.
Bref, c’est une oeuvre unique, un peu dans l’esprit de Watchmen, avec des super-héros abimés et désabusés. Ne vous arrêtez pas au dessin, qui ne plaira pas à tout le monde c’est sûr mais l’intérieur de ce bouquin mérite votre curiosité!