Série: Satanie
Auteurs: Kerascoët, Fabien Vehlmann
Editeur BD: Soleil
Une chronique BD: Génération BD
L’histoire commence simplement : cinq spéléologues partent à la recherche d’un certain Constantin disparu quinze jours plus tôt alors qu’il explorait la grotte en compagnie de l’abbé Montsouris. Lorsqu’il apprend cette expédition, l’abbé Montsouris se précipite au fond de la grotte pour avertir le groupe qu’une crue importante est annoncée et qu’il risque d’être noyé.
Celui-ci reproche au groupe son irresponsabilité, parti sans véritable spéléologue et emmenant avec eux une enfant : Charlotte, la sœur du disparu.
Les prévisions météo ne sont plus ce qu’elles étaient et la crue arrive plus vite que prévu, envahissant le peu d’espace vital. Le groupe n’a d’autre choix que d’essayer de trouver son salut dans un conduit jusqu’alors inexploré.
Le groupe va aller de surprises en surprises au fur et à mesure qu’il s’enfonce dans les profondeurs de la terre. Ils vont découvrir des peintures rupestres inconnues puis un vaste cimetière ouvert mais ce n’est qu’un début !
Toujours plus loin, ils tombent sur une cité souterraine de type gréco-romaine où l’on parle allemand et italien dont ils parviennent à s’échapper pour s’enfoncer encore davantage vers ce qu’ils pensent être une sorte d’enfer : un espace à la fois bouillonnant et glacial, changeant perpétuellement et habité par une population mi-hommes, mi- bêtes nommées les sataniens. C’est là-bas qu’ils retrouvent enfin Constantin qui semble définitivement perdu dans sa quête personnelle…
Satanie a fait le bon choix de jouer sur la progression. Initialement imprimée en deux tomes (Voyage en Satanie), l’histoire part d’une banale équipée spéléo. On se retrouve dans un sous-sol inconnu qui se révèle un lieu de résidence des morts, de morts-vivants et d’une certaine forme d’enfer. Difficile d’imaginer une plus sinistre gradation. Il semble même possible de s’enfoncer davantage pour rentrer dans un trou noir mais l’histoire s’y arrête…
Cette progression vers toujours pire crée une certaine tension chez le lecteur et l’on ne peut que se demander ce qui va encore leur arriver à chaque fois que les personnages progressent dans leur fuite en avant. J’ai personnellement apprécié ce dessin évoquant un monde irréel, sans structure et mouvant. Peut-être y étais-je plus sensible en raison de mon souvenir un peu douloureux d’une expédition spéléo où je me demandais si je remonterais un jour à la surface…
En même temps, je ne suis pas certain que tous les lecteurs s’y retrouveront car l’histoire est vraiment atypique et il faut avoir une certaine ouverture imaginaire…
« L’enfer c’est les autres » disait Sartre. Et si tout simplement, il se trouvait au plus profond d’une grotte inexplorée par les spéléologues? Pas de quoi m’encourager à y retourner !
A noter la très grande qualité d’impression de l’album (collection Métamorphose de Soleil) qui n’est pas sans évoquer un (très beau) livre de contes…