Série: Epouvantable peur Epiphanie Frayeur
Auteurs: Séverine Gauthier, Clément Lefèvre
Editeur BD: Soleil
Une chronique BD: Génération BD
L'histoire:
Epiphanie Frayeur a huit ans et demi, sa peur aussi. Mais cette dernière a beaucoup plus grandi qu’Epiphanie, à tel point qu’elle dévore la petite fille qui n’ose plus rien faire. Elle décide finalement d’aller consulter le Docteur Psyche qui, lui a-t-on dit, pourra l’aider. Sur son chemin, elle tombe sur une sorte de point info au milieu de la forêt où son curieux occupant pourra lui indiquer le chemin du cabinet du médecin.
Mon avis:
La collection Métamorphose de chez Soleil est à part et recèle bien souvent des petites pépites. Ainsi "Ogres-Dieux", « Carnets de Cerise » ou « Billy Brouillard » par exemple et ce tome d'Epiphanie Frayeur ne déroge pas à la règle.
Mêlant habilement le texte et le dessin, ce dernier s'imbrique dans le texte et finit par en faire corps, épousant l'histoire et faisant sortir l'ensemble des cases prédéfinies. Les cinq premières planches en sont une parfaite démonstration en montrant comment la peur d'Epiphanie (et son ombre) prend le dessus et finit par envahir entièrement la page. Clément Lefèvre au dessin a réussi le pari de mettre en image l’histoire de Séverine Gauthier, un univers tout particulier. La petite Epiphanie a les cheveux qui se dressent sur la tête tant sa peur est grande, et même le coiffeur mandaté par son docteur ne parviendra pas bout de cette chevelure récalcitrante. Ce passage fait par ailleurs diablement penser à du Lewis Carrol (Alice au Pays des merveilles).
Séverine Gauthier manie les mots à foison autour de la question, tel Raymond Devos ou Bruno Coppens qui jonglent eux aussi avec les mots au pied de la lettre (le tour de la question, la question qui tue,…). Elle parvient à traiter les peurs enfantines avec bonheur, sur le ton de l’absurde et du non-sens dans les dialogues, offrant une succession de rencontres à notre petite fille, du point info en forêt au coiffeur, passant par le docteur, le chevalier sans peur et sans reproche, ou le cirque 12ème nuit dont le dompteur Elmonico parviendra à l’aider à dompter sa peur.
En parallèle au parcours d’Epiphanie Frayeur, les auteurs ont eu l’idée de créer un jeu de l’oie où l’on démarre du point info dans la forêt pour atteindre finalement le soleil au bout de sa peur.
Et en fin d’album on retrouve un « petit précis de psychiatrie à l’usage des phobiques » où l’on y découvre les phobies rares et insolites présentées sur le même ton décalé.
Du grand art, une histoire savoureuse à lire en famille !
Maroulf