Saudade constitue un recueil de nouvelles, une succession d’histoires courtes qui sont autant de moment de vie.
L’une évoque la nostalgie d’un homosexuel qui éprouve le regret de ne pas avoir eu d’enfant, un autre évoque les états d’âme d’un employé qui doit virer une de ses collègues, une troisième évoque une histoire d’amour qui aurait pu peut-être se concrétiser.
On évoque également le thème de la perte d’un enfant, de la séduction, d’une mise à la pension, d’une relation affective entre un homme et une machine qui a son instrument de travail pendant toute sa carrière…
Bref, que des moments de vie simples, tels qu’on peut les vivre au quotidien. Cela ne fait pas de nous des héros, juste des hommes et ce n’est déjà pas si mal !
Le mot saudade est un mot portugais et galicien qui exprime une mélancolie empreinte de nostalgie, sans l’aspect maladif (dixit Wikipédia), ce n’est pas pour rien qu’on l’assimile à la musique du fado ou au blues…
En lisant ce recueil de nouvelles, on ne peut qu’être frappé par cette succession de faits vécus de manière très personnelle par les personnages de ces histoires.
Si vous avez tendance à broyer du noir pour le moment, je ne vous en conseille pas la lecture, car vous risquez de vous retrouver au fond du canal !
Si par contre, vous vous sentez l’âme philosophe et êtes sensibles à la destinée de l’homme avec les aléas de la vie, si vous aimez lire des livres tels que ceux de Taniguchi qui dépeignent, les petits traits de la vie. Alors, vous apprécierez la lecture de ces moments tellement humains et si riches.
Par certains aspects, ce livre me rappelait également le recueil de nouvelles de Jim « De beaux moments » paru récemment. Le dessin finement épuré en noir et blanc ainsi que le format du livre ne sont pas non plus sans rappeler le style de Taniguchi et le format des livres de la collection Signatures.
J’avoue avoir été touché par le réalisme délicat des situations développées dans chacune de ces nouvelles, évitant le pathos gratuit ou la caricature. Cela m’a également rassuré sur mon état psychologique, car je n’ai pas dû prendre d’antidépresseurs après la lecture !
La mélancolie de la saudade m’aura davantage touché que les sentiments de regrets qui sont exprimés… Des moments de vie qui se savourent pour leur authenticité et leur diversité.
Le seul regret que j’aurais est le fait que la dimension des nouvelles ne permet pas d’aller encore plus loin dans l’intensité déjà bien présente des histoires, c’est la raison pour laquelle je ne lui donne pas mon coup de cœur, mais on est vraiment tout près !