Sea of Stars
Scénariste : Aaron Jason
Dessinateur : Stephen Green
Coloriste : Rico Renzi
Editeur: Urban Comics
Les yeux perdus dans l'immensité galactique, le jeune Kadyn se morfond devant le hublot du vaisseau convoyeur piloté par son père Gil. Et quoi de mieux pour tromper l'ennui que d'inspecter, sans y être autorisé, la précieuse cargaison provenant d'un musée alien... ? Séparés lors de l'explosion du vaisseau, Gil et Kadyn dériveront dans l'espace, l'un, désespéré, à la recherche de son fils, l'autre, émerveillé par les rencontres exotiques qui rythmeront son odyssée.
Estampillé 12+, ce très gros livre est avant tout un recueil d’images pleines de poésie nées d’une imagination sans limites au service d’un conte intersidéral aux allures de conquêtes.
Conquête de liberté pour Kadyn, qui après avoir touché une relique alors que tout semblait fini pour lui, se retrouve doté de pouvoirs impressionnants qui lui permettent de survivre dans le vide spatial et de communiquer avec d’autres êtres. Ce contact avec cet élément magique avec lequel il a fait corps maintenant va l’emmener à voyager et à grandir également car ses choix pourraient bien le mener vers un grand danger.
Conquête de survie pour le père, qui s’efforcera par tous les moyens de retrouver son fils dans l’immensité de l’univers où il a fait naufrage. Nous refaisant un remake du film Gravity, il tente le tout pour le tout au péril de sa vie pour retrouver la trace de son fils, aidé par une IA à l’agonie.
C’est peut-être lorsque tout semble perdu que le meilleur est à venir…
D’un côté le fils s’amuse et fait des rencontres sans vraiment se préoccuper de quoique ce soit, de l’autre côté, pour le père, chaque pas est un danger encore plus grand que le précédent. Dans ce qui paraît être une situation plus que contrastée, l’on se rend compte petit à petit que les choses ne sont peut-être pas aussi simples et que notre petit héros joue avec sa survie lui aussi, trahit par une naïveté propre à son âge et à l’excitation du voyage qui s’offre à lui.
Cela aurait presque pu être un livre de chevet à lire le soir avant de border les plus jeunes mais le choix du style de dessin, un peu dur pousse l’œuvre dans les mains des plus grands, qui pourront eux aussi, malgré tout, passer un bon moment de lecture et se laisser parfois emporter par la magie des décors. Mêlant combats de survie aux explorations de mondes inconnus, Sea of Stars nous emmène dans un périple hors du temps. Le destin nous porte dans une très belle histoire bien singulière que j’ai pris plaisir à lire.
Le trait original et un peu old-school de Stephen Green donne une teinte particulière au récit. Les mondes, les planètes, les vaisseaux, les personnages et animaux, tout y est remarquable en précision et créativité. L’encrage assez rude et très marqué confère cette empreinte plus « adulte » (en dehors du scénario bien sûr) à l’œuvre. On retrouve ici un look très typé comics. La couleur par contre, vient contre-balancer cette dureté avec une palette féérique et douce, qui magnifie les décors intersidéraux qui s’offrent à nos yeux. Le tout sert une œuvre un peu hors du temps qui la rend bien singulière. Est-ce que vous vous laisserez happer par le vide spatial de cette nouvelle ?