Strange Adventures
Scénariste : Tom King
Dessinateur : Mitch Gerads
Dessinateur : Evan Doc Shaner
Editeur: Urban Comics
Adam Strange, héros victorieux des guerres de Rann–Thanagar, savoure une retraite bien méritée sur Terre en compagnie de sa femme Alanna. En pleine tournée pour la promotion de son autobiographie, il est violemment pris à partie par un lecteur qui lui reproche le massacre d'innocents durant le conflit galactique. Quelques heures plus tard, ce même lecteur est retrouvé assassiné, à coup de blaster. Il reviendra à Mr Terrific de faire toute la lumière sur cette affaire.
Ancien archéologue terrien, Adam Strange fut touché par le rayon Zeta, qui le transporta instantanément à 40.000 milliards de kilomètres, sur la planète Rann. La particularité de son « pouvoir » est d’être ponctuellement rappelé sur Terre quand les effets du rayon s’atténuent. En plein combat, en pleine discussion, qu’importe le moment, il peu d’un seul coup être arraché de tout. C’est un élément essentiel à prendre en considération puisque ses aller-retour rythment sans cesse le flux de la narration. Cela demande d’ailleurs un temps d’adaptation pour suivre toutes ses apparitions et disparitions. Aucune explication ne viendra étayer ce postulat de base dans ce livre et si comme moi, il vous était jusqu’alors inconnu, il faut juste accepter cet état de fait. Chez ses hôtes Aliens, il deviendra un défenseur dans la guerre qui fait rage là-bas, face aux Pykkts, un peuple d’envahisseurs intergalactiques qui sèment la mort partout où ils passent. Ils sont redoutés puisqu’ils trainent la réputation de ne jamais avoir étés vaincus.
Adam Strange est apparu dans les années 50, en 1958 exactement. Il obtiendra son fameux don suite à une erreur de continuité dans la narration de cette époque. Pour corriger le tir, Gardner Fox, créateur du personnage, mit en place une histoire incroyable à base de rayon Zeta.
Par la suite, en 1980, Alan Moore y ajouta sa patte, empreinte de cynisme. Il est alors face à une population stérile et il serait là pour servir d’étalon reproducteur. En 1990, les premières tensions sont posées entre le héros et les habitants de la planète lointaine. Il fit encore une brève apparition en 1998 avec un script de Mark Waid et enfin en 2004, année où il obtint son costume et où il lui est déjà reproché d’avoir détruit la planète Rann…
La dynamique du récit est très particulière, en partie à cause des changements de lieux incessants du personnage principal mais aussi par une certaine lenteur dans la narration, omniprésente et qui finit par même devenir oppressante. Le livre est bourré de combats, de scènes d’actions musclées mais malgré cela, ce rythme reste et s’impose toujours un peu plus. Il laisse le temps aux doutes et aux suspicions de prendre place et modifie petit à petit les couleurs de la trame. Cet état de fait est un outil au service du scénariste, qui lui permet de changer de monde, d’ambiance, d’intrigue à sa guise. C’est très intelligent et donne une impression de ne jamais percevoir la finalité du récit, nous laissant suspendus au scénario jusqu’au bout.
L’enquête intergalactique et peu banale est confiée à Mr Terrific par Batman lui-même. Avec pas moins de 432 pages, les auteurs prennent toutes les planches nécessaires pour décortiquer chaque personnage, initier chaque intrigue et faire planter le doute jusque très loin dans l’histoire.
Avec lenteur et beaucoup de savoir-faire, Tom King, accompagné du trait si particulier de Mitch Gerads, nous livre une épopée prenante qui aura capté toute mon attention tout du long. Un récit qui ne se lit pas négligemment et qui demande même une certaine concentration. C’est au final une belle découverte pour ma part qui pose une vision bien différente du super-héro et de son statut inébranlable.