Naomi
Scénariste : Brian Michael Bendis
Scénariste : David F. Walker
Dessinateur : Jamal Campbell
Editeur: Urban Comics
Les habitants d'une petite bourgade du nord-ouest des États-Unis sont chamboulés par un combat en centre-ville entre Superman et Mongul qui a entraîné autant de dégâts que d'attention. L'affrontement éveille par ailleurs la curiosité de la jeune Naomi qui s'interroge sur son passé et ses racines, avant son adoption par ses parents. Les réponses ne vont pas tarder à venir et ces secrets de familles vont aller jusqu'à mettre en jeu la survie de la Terre elle-même !
Vouloir réinventer la roue… C’est un peu la quête du Graal pour beaucoup de créatifs et ça peut très vite devenir casse-gueule… C’est pourtant cette prétention qu’a eu le duo Bendis/Walker lorsqu’ils commencèrent à discuter tout les deux du projet que deviendra Naomi. Une volonté de se raconter au travers un personnage tout en prenant certaines distances et surtout beaucoup de liberté. Brian nous raconte cette genèse du personnage au travers d’une préface emplie d’émotions, de maladie, d’amitié et surtout de passion!
Perso, je trouve que cette ambition donne un peu le vertige… Tout a été fait, trop même. Parfois les scénaristes tordent les personnages et leurs histoires jusqu’à rompre toute compréhension de la ligne du temps de ceux-ci. Et pourtant, Brian et David décident de créer Naomi, une ado adoptée et un peu paumée, qui est loin de s’imaginer la destinée qui déboule sur elle avec la puissance d’un tsunami. J’en ai vu plusieurs d’entre vous tiquer quand j’ai parlé d’adoption, y’a comme un air de déjà vu hein? Et tant qu’on y est, ses parents étaient des extra-terrestres qui l’ont envoyées sur terre pour la sauver?
Heuuu, comment dire? Oui mais non, en fait pas tout à fait.
Mais oui, y’a comme un air de déjà vu, bis. Mais alors pourquoi ce comics fait un carton aux USA?!?
Bon, premier élément de réponse: Brian Michael Bendis, c’est 5 prix Eisner, c’est pas rien. Puis c’est un CV long comme le bras de l’homme élastique. Et puis son acolyte, David, n’est pas en reste avec un prix Eisner sous le bras aussi et quelques distinctions au passage. C’est pas pour ça qu’ils ne peuvent pas se planter me direz-vous? Et encore une fois de vous répondre: oui, mais non.
Naomi elle est jamais au bon endroit. Il ne se passe pas grand chose dans sa petite bourgade loin de Metropolis et quand Superman vient cogner Mongul dans ses rues, elle rate évidemment toute la scène! Elle ne peut que se satisfaire amèrement du récits de ses compagnons.
Quand Superman revient nettoyer un peu sa scène de guerre après coup, la seule à ne pas le voir sera Naomi. Tout cela la ronge mais il y a autre chose… A force de gratter, elle finit par entendre parler d’une rumeur qui date de sa naissance, une histoire de « machin » avec des super-héros mais tous ceux qui pourraient en parler aujourd’hui sont morts, sauf peut-être Dee, le garagiste grand comme un ours et renfermé.
Après les choses se précipitent rapidement et Naomi va aller de surprises en surprises jusqu’à découvrir sa vrai nature et surtout, ses origines! Je n’irais pas plus loin dans le résumé de l’histoire pour ne pas spoiler le reste de l'histoire.
Alors, finalement c’est une grosse histoire réchauffée, un mix de super-héros à la sauce 2020?
Et bien non.
Tout d’abord il y a le travail remarquable de Jamal Campbell, qui apporte un univers graphique très particulier à cette histoire. C’est moderne, sensible, féminin et fort à la fois. Les caractères sont très bien étudié et une attention particulière a été prise sur les émotions de ceux-ci. Parce qu’au final, il s’agit de ça, d’émotions. Une ado normale, avec des potes normaux, dans une famille normale, dans une ville banale. Après bien entendu, si on ouvre ce genre de comics volontairement ce n’est pas pour rester dans la normalité et les choses se déchainent très vite mais cela aura permis à des milliers d’ado de se retrouver dans ce personnage. Et des jeunes filles, de couleurs qui plus est! Il y en a combien, des super-héroïnes « afro-américaines »?
Ce comics, cette Naomi, apporte cela, beaucoup de frivolité propre à l’adolescence, avec cette dose de délire, de simplicité et beaucoup de liberté.
J’ai donc apprécié ce comics, parce qu’en se posant sur certaines bases du genre, il arrive tout de même à tirer son épingle du jeu et à nous donner envie d’en savoir plus, bien joué!