Murder Falcon
Scénariste : Daniel WARREN JOHNSON
Dessinateur : Daniel WARREN JOHNSON
Coloriste : SPICER Mike
Editeur: Delcourt
L'auteur d'Extremity revient avec ce récit complet qui mêle ses deux grandes passions : la BD et le Metal ! Cette fois-ci, il met en scène rien de moins que le Dieu du Hard Metal venu sauver le monde d'une invasion de monstres !
Le monde est menacé par une attaque de monstres, et la vie de Jack part en vrille : son groupe de rock est dissout, il n'a pas de nana et encore moins de futur. Mais ça, c'est jusqu'à ce qu'il rencontre Murder Falcon, envoyé du Heavy Metal afin d'anéantir le mal. Mais il ne peut pas le faire sans l'aide de Jack qui déclenche ses pouvoirs avec ses accords de guitare.
Vous avez déjà eu un sale truc qui vous arrive ? Tellement naze que ça vous rend nerveux à propos de tout?
C'est ce qui est arrivé à Jake. Et ça m'est aussi arrivé. Je pense que ça vous est arrivé.
Un ami que j'admire et respecte m'a dit une fois : « Tout le monde connaît de sales tempêtes dans leurs vies». C'est inévitable. Désolé pour mon langage cru, mais parfois on est pris dans des merdes incroyables. Ça arrive. Tout le temps. Et on est parfaitement démunis.
Impuissants. Mais pas silencieux.
Je joue de la guitare depuis que j'ai onze ans. Ça fait partie de moi. Dès que je sens qu'une tempête va m'arriver sur la gueule, je joue de la guitare pendant des heures et des heures. J'étais dans l'œil de la tempête quand j'ai écrit Extremity. Une tempête douloureuse sans repos. Aucun. J'avais envie de tout abandonner, d'arrêter d'essayer. Ça me semblait impossible de puiser en moi la force nécessaire pour être courageux. D'avoir la tête hors-de-l'eau et profiter de la vie.
Mais il me restait toujours ma guitare. Il y avait toujours la musique. Ça n'a jamais vraiment réparé quoi que ce soit, mais ça rendait les trucs un peu plus faciles. Comme si l'espoir était permis. C'est pour ça que j'adore le métal. C'est impétueux. C'est bête. Et le métal n'a pas peur d'hurler dans le vide, même au pire moment de la vie. Un peu de joie dans les ténèbres. Et faire un doigt d'honneur à nos tragédies en jouant un putain de riff sur sa guitare, c'est si bon!
Murder Falcon rassemble tout ce que j'aime. Du heavy metal, de vieux vans, de la bière des bars douteux. Mais ça parle aussi du courage. Comment l'être suffisamment pour prendre sa guitare et créer quelque chose de supérieur aux choses qui nous hantent.
Merci d'être là.
Daniel Warren Johnson
Alors voilà, Daniel Warren Johnson revient avec un nouvel album et je me reprends une claque comme lorsque j’ai eu l’immense honneur de découvrir Extremity. Si vous ne connaissez pas, je vous invite à combler ce trou béant dans votre culture comics et d’aller voir cette chronique: https://www.generationbd.com/comics/4947-chronique-comics-extremity-1.html?Itemid=225
J’ai un immense respect pour ces artistes qui supportent à eux seuls plusieurs casquettes, c’est le cas pour Daniel qui écrit et dessine, toujours accompagné de Mike Spicer à la couleur pour cette nouvelle aventure. J’ai d’autant plus de respect quand l’histoire est menée avec une telle perfection!
La cover est ringarde à souhait et le début de l’histoire l’est tout autant. C’est kitch et même un peu ridicule. Mais on sent directement que c’est totalement assumé.
Ok, je suis fan de l’auteur, je veux bien me laisser embarquer dans son délire, plutôt deux fois qu’une même! Une des signatures de DWJ c’est de nous faire débarquer en pleine histoire, un peu surpris comme quand une porte de wc s’ouvre trop tôt, vous voyez? Donc voilà, bim! Directement dans le bain: gros monstres hideux, gros carnage et grosse panique dans la ville! Heureusement, Murder Falcon, un faucon immense avec un bras robotique, accompagné de Jack, un guitariste bedonnant à la coupe d’une autre époque viennent faire la peau de ce géant invincible. Et tout ça à coup de riff de métal bien chiadé.
Voilà voilà.
Alors oui, dit comme ça, j’ai déjà perdu la moitié de la salle mais vous savez quoi? Tant pis pour eux, parce qu’ils ratent le meilleur et c’est très, très bon! J’ai lu ce comics avide de connaitre la page d’après et encore celle d’après. Un peu comme en manque à chaque nouvelle page. Daniel a une écriture de génie, qui amène l’intrigue la où on ne l’attend pas et jamais ce n’est téléphoné ou stéréotypé. Si c’est le cas, c’est volontaire, rien de plus.
Plus l’histoire avance et plus cela devient sérieux, avec des sujets graves, de la vie de tous les jours. Il y a aussi cet amour pour le heavy metal qui transpire à chaque case de cet ovni. C’est tellement trop et en même temps tellement juste. C’est génial quoi! Je ne suis pas ultra fan de ce style de musique (j’écoute du rock très criard quand même) et il ne faut pas l’être pour ouvrir ce livre, mais si jamais c’est votre drogue, sachez que l’auteur a même écrit un album pour accompagner la lecture de son livre. Si si, le mec il est à ce niveau là: https://brooticus.bandcamp.com/album/shredded-to-death
On sent bien que ce comics, c’est un exutoire pour Daniel Warren Johnson, c’est plus qu’une envie de faire une histoire sur un style de musique, il y a autre chose… Mais il y a aussi une certaine pudeur à ne pas se dévoiler et à livrer des faits que l’on pourra interpréter comme on le voudra. Là ou certains crieraient dans un oreiller, Daniel il fait ça. Moi ça me laisse sans voix…
Ne vous arrêtez pas à la couverture, c’est un piège. Ni au style graphique d’ailleurs, comme tout génie, il ne sera reconnu que trop tard. Passez au-dessus de tout cela et vous découvrirez quelque chose d’autre, de nouveau et c’est certain, ça ne vous laissera pas indifférent!
PS: Mention spéciale pour les dernières pages où l'auteur nous gratifie d'une playliste heavy dont il a revisité les pochettes d'époque (8 en passant par Judas Priest, Iron Maiden, Pantera,...). Bin ouais, il devait sûrement s'ennuyer... Mais il dort quand ce type?!?