Le Chant de l'oubli
Scénariste : Robert Kirkman
Coloriste : Annalisa Leoni
Dessinateur : Lorenzo De Felici
Editeur: Delcourt
Il y a dix ans, 300 000 habitants de Philadelphie, en Pennsylvanie, ont soudainement disparu, mystérieusement happés vers une autre dimension. Ils tentent d’y survivre face à des monstres gigantesques, luttant chaque jour pour leur vie. Le gouvernement a abandonné l’espoir de les retrouver, malgré l’insistance d’un homme, Nathan Cole, qui tente désespérément d’obtenir une aide de l’État pour financer la poursuite des recherches et ramener ainsi les survivants errants dans les limbes de cet autre univers appelé Oblivion. À l’aide des scientifiques Bridget et Duncan, ils mettent au point un appareil permettant à Nathan de faire quotidiennement l’aller-et-retour entre les deux mondes. Véritablement obsédé par cette quête, Nathan ne peut résister au chant de la ville d’Oblivion et en explore les moindres recoins. Pourtant, des contrées inexplorées demeurent, habitées par des communautés dont Nathan ignore tout, vivant une existence marginalisée sous le commandement d’une personne qu’il connaît bien ! Le monde s'effondre autour de Nathan, ce sont deux univers parallèles qu'il doit sauver…
Le voici donc ce tome 2, celui qui devrait nous donner quelques clés pour percer un peu les mystères de cette intrigue. Et le premier chapitre n’est pas avare en indices, celui-ci s’ouvrant sur l’interrogatoire de Nathan, celui qui passait encore pour un héros il y a peu. C’était avant qu’il n’avoue être à l’origine de la disparition des 300 000 habitants dix ans auparavant.
Maintenant incarcéré, il prend le temps d’expliquer pourquoi et comment tout cela s’est passé. Une expérience scientifique mal préparée, une avidité de savoir et des répercussions inattendues seront donc à l’origine de cette catastrophe sans précédent. Puis tout est allé trop vite, trop loin.
Dans le même temps, Ed, le frère, est emprisonné lui aussi, dans une réalité qui n’est plus la sienne. Il a perdu tous ses repères et ère sans but, n’aspirant qu’à retrouver son paradis, de l’autre côté. Là ou d’autres se sentiraient en danger, lui y est chez lui, parmi les survivants, où chacun à sa juste place, sans plus d’échelle sociale ou aucun jeux de pouvoir.
C’est un thème qui est cher à Kirkman et au travers d’une histoire certes apocalyptique mais ô combien différente de Walking Dead, le scénariste pose une nouvelle fois un jugement sur nos valeurs modernes, qui profitent plus à une minorité qu’au confort de tous.
L’incompréhension est au coeur d’un combat que les deux frères doivent mener ensemble, afin de rétablir une sorte d’équilibre et éviter que cette technologie ne finisse par tomber dans de mauvaises mains, à savoir l’armée, toujours en quête de l’arme ultime qui imposera le respect aux autres nations.
Des sacrifices devront être faits, des gestes fous et irréfléchis seront commis mais les deux frangins arriveront-ils à changer la donne, réussiront-ils seulement à s’entendre? Tant de questions qui flottent sous l’ombre menaçante d’une révélation encore plus terrifiante, surgissant à la toute dernière page de ce volume. Comme ce doit d’être un bon Kirkman!
Est-ce pour autant attendu ou téléphoné? Non, absolument pas. Les pions sont avancés de façon à ne jamais révéler l’intrigue plus qu’il n’en faut. Et l’histoire est elle même tellement sinueuse qu’il est impossible d’en voir le bout.
Milan vous l’annonçait il y a quelques semaines, la série va être adaptée au cinéma. Preuve en est que Kirkman ne cesse d’étonner, apportant de nouvelles idées qui plaisent à cette industrie avide de succès. Reste à voir si l’adaptation réussira à retranscrire le monde créé par Lorenzo, ce qui ne sera pas une mince affaire. A suivre… En attendant, n’hésitez pas et plongez vous dans ces deux premiers volumes qui ne seront certainement pas les derniers!