Sur la piste de l'Oregon
Dessinateur : Krings
Scénariste : Eric Corbeyran
Editeur: BD Krings
En guise d’introduction … (par les auteurs)
La grande émigration de 1843
« La piste de l’Oregon », comme on l’appelait à l’époque, était empruntée par des colons venus de tous horizon qui partageaient le même rêve d’une vie meilleure en terre promise : l’Oregon.
Ils empruntaient à pied, à cheval ou en chariots bâchés, depuis Indépendence dans le Missouri, une piste longue de près de 3500 km. Le voyage débutait en avril ou en mai, quand les neiges hivernales avaient fondu.
À cette saison, l'herbe était suffisamment abondante pour nourrir les troupeaux et les attelages de chevaux et de bœufs. Pour s'approvisionner facilement en eau, les colons suivaient les rivières et les fleuves. Ce qui facilitait aussi la recherche de bois pour allumer les feux de camp.
Ce voyage semé d'embûches à travers une nature sauvage et souvent hostile durait au moins cinq à six mois. Les dangers y étaient nombreux : faune sauvage, intempéries, maladies, pillards et territoires indiens à traverser.
C'est pourquoi, par sécurité, ces colons armés voyageaient surtout en groupe, les convois étaient alors guidés par des « scouts» expérimentés et dirigés par un chef de convoi. Malgré ces précautions, un migrant sur dix mourait en route !
Le rêve d’une vie meilleure était à ce prix…
L’histoire de ce OneShot en quelques lignes…
Le gouvernement des États-Unis d’Amérique a décidé d’offrir de vastes territoires à des nouveaux colons. Le souci est que toutes ces terres à partir au peuple indien…
Dans un de ces nombreux convoi, le long de l’Oregon, se trouve Pierre charbonnier et son épouse Wakanda, couple au caractère bien trempé et en charge de la sécurité des colons,
La vie du convoi oscillera entre tensions face à ces « peaux-rouges » (ou autre faces-de-suies) et tranches de vie au sein de cette communauté jusqu’au jour où un vol de pépites d’or mettra le feu aux poudre : accusé d’un vol qu’il n’a pas commis, le fugitif Cudjoe risque la pendaison haut et court sur la présomption des colons et sur la couleur de sa peau. Le couple Charbonnier n’aura que peu de temps pour retrouver le voleur avant son jugement …
Ce qu’on en a pensé…
Voici une bande dessinée que nous surveillions depuis que ses auteurs en avaient fait l’annonce officielle. Elle nous ramène bien des années en arrière, lorsque nous avions découvert -et dévoré- l’incroyable roman éponyme de Francis Parkman (sorti en 1983) et qui nous avait fasciné par cet incroyable périple au cœur des Rocheuses dans une période précédant de peu la fameuse « ruée vers l’Or ».
Ses 2 auteurs sont des pointures :
Les scénarios d’Eric Corbeyran nous ont rarement déçus (le chant des Stryges est son œuvre la plus connue, mais il en fait bien d’autres tout aussi (voire plus) efficaces.
Jean-Marc Krings lui, s’il n’est pas l’auteur « d’une série » nous a déjà gratifié de très belles reprises : Fanny K, Violine, la ribambelle…. Son graphisme suit un courant semi-réaliste franco-belge, mais est directement reconnaissable. Très efficace , notamment dans les expressions de ses personnages, il s’avère sur cet ouvrage totalement en phase avec le récit et les vastes paysages amérindiens.
Ce qui est vraiment bien avec ce type d’éditions « pure Black » est que l’on peut véritablement se rendre compte du travail (et du talent !) du dessinateur : son trait est à nu, sans aucune enjolivure d’ambiance ni autre effet pouvant masquer quelque défaut.
Le scénario d’Éric Corbeyran se révèle totalement à la hauteur de nos attentes : dense et fouillé, il pose directement le difficile contexte de la relation très compliquée « colons/indiens » : si les premiers se voient en évangélisateur de la chrétienneté et apportant à une peuple de primitive la civilisation, les peuplades locales eux ne voient que la violence créée par ces envahisseurs, la maladie, la désolation et la mort.
Sans évidemment révéler l’identité du voleur, saluons la Maestria du scénariste pour relier ensemble les différents fils de son histoire lors de sa conclusion.
Qualité de cette édition aussi : hors de question avec ce type d’édition d’avoir entre les mains un ouvrage imprimé sur un papier de photocopieuse ; l’impression et réaliser sur un bon grand papier donnant corps à l’ensemble de l’ouvrage.
Un petit bémol cependant : nous avons noté quelques coquilles orthographiques sans grande gravité mais aussi un changement de nom du personnage principal : Pierre charbonnier de s’appeler en divers endroits « Charpentier ». Rien de bien grave, un coup de polish après une petite relecture pour l’édition couleurs et voilà !
Pour en savoir (encore) + …
- S’il n’y a pour l’heure pas encore de date de sortie de l’édition couleurs, il semblerait que le gros des soucis des éditions Kennes soit derrière eux et que les rotatives pourront bien remouliner…On a grande hâte, pour cet album mais aussi pour cet éditeur « Carolo » qui nous tient particulièrement à cœur.
- La seule page en couleurs que vous verrez dans cette édition de luxe est sa couverture ; si la version « grand public » sera colorisée par la très expérimentée Vera Daviet, cette magnifique illustration-ci est mise en lumière par Antoine Kompf.
- Si cette histoire étant un OneShot, ce ne sera pas la seule collaboration entre Corbeyran & Krings : ces 2 bougres s’attèlent depuis quelques temps déjà sur un autre récit historique, intitulé « Mary Read » et qui contera la vie de cette célèbre femme-pirate !
On a déjà hâte tiens !
- Et on terminera ce petit tour des infos complémentaires en vous signalant le tenue prochaine de l’expo-vente (et dédicaces)à la « Galerie des Bulles » de Charleroi fin Janvier 2024 sur cet album : https://www.facebook.com/events/1581666995706270/?ti=ls
Milan Morales