La prière aux étoiles
Dessinateur : Inaki Holgado
Scénariste : Eric Stoffel
Coloriste : Sébastien Bouet
Editeur: Grand Angle
C’est une histoire très intense et aussi au contexte très particulier que nous invite à découvrir la série de Grand Angle consacrée à la mise en bande dessinée de l’œuvre de Marcel Pagnol. Au départ, c’est un film que l’auteur met en place, mais le contexte de la guerre et de l’emprise des Allemands sur la culture va avoir pour résultat que Pagnol préférera détruire son film plutôt que de l’exploiter dans un tel contexte. L’histoire ne dit pas s’il l’a détruit aussi parce que sa relation avec Josette Day (actrice principale dans le film) était en train de capoter…
Il n’empêche, le récit retranscrit en bande dessinée (en deux tomes) est un formidable conte sur l’amour dont Pagnol avait le secret. L’histoire est forte et tendre à la fois et l’amour fusionnel entre Pierre et Florence semblait voué à l’échec tant son intensité ne semblait pouvoir être éternelle.
La truculence des gens du midi est peut-être moins présente dans ce récit même si le discours d’Evariste, le patron de l’hôtel, est une pépite : Alors, si des fois, pour une petite cachotterie, ou même d’énormes cachotteries, vous étiez fâchés, ça ne serait pas raisonnable. Parce qu’elle vous aime, Monsieur Pierre, elle vous aime d’amour. Quand votre voiture partira, elle se sentira coupée en deux. Alors c’est pour cela que je vous retiens. Monsieur Pierre, on a beau faire des disques et même se mettre des pommades pour repousser les cheveux, ça finit toujours bêtement avec une grosse pierre plate au cimetière. Alors, quand on a le bonheur de rencontrer une femme belle et qui vous aime à en mourir et qu’on s’en va, eh bien, c’est qu’on est un imbécile et même un imbécile pas gentil ».
En quelques mots, tout est dit sur l’amour avec sagesse et truculence… Eric Stoffel réussit à bien concilier l’esprit de Pagnol pour l’adapter à la bande dessinée. Certains passages peuvent paraître parfois un peu théâtraux, mais le désespoir de l’amour l’est aussi… Le dessin de Inaki Holgado ne démérite pas, bien servi également par les chaudes couleurs de Sébastien Bouet.
Parce que cette histoire est forte, parce que la série de Grand Angle mérite qu’on fasse le détour pour redécouvrir la créativité de Marcel Pagnol et parce qu’on c’est vrai que l’homme a tort de vouloir quitter la femme belle qui l’aime…, je donne mon coup de cœur à cet album, mais aussi à l’ensemble de la série consacrée à Marcel Pagnol.