Perpendiculaire au soleil
Dessinateur : Valentine Cuny-le-Calet
Scénariste : Valentine Cuny-le-Calet
Coloriste : Valentine Cuny-le-Calet
Editeur: Delcourt
Il est difficile de résumer de manière nuancée les plus de 400 pages que constituent ce roman graphique où l’on découvre une relation qui se construit entre Valentine et Renaldo, tout en délicatesse et en pudeur.
De manière assez salutaire, ce livre nous rappelle que toutes les personnes condamnées à la peine de mort sont ne sont pas des « Hannibal Lecter » en puissance et que ce sont souvent des parcours de vie tortueux qui les amènent là-bas. Certes, il ne faut pas tomber dans un angélisme crédule et les personnes qui se trouvent dans ces couloirs sont loin d’être tous des saints, mais le fait de les sortir de l’anonymat en les humanisant ne peut que nous confronter à cette terrible question : cette personne mérite-t-elle la peine de mort ?
Je ne pense pas que Valentine Cuny-le-Callet a voulu édulcorer le personnage de Renaldo. Certes, celui-ci n’est pas en liberté au milieu d’une bande urbaine (ce qui impliquerait probablement un comportement différent), mais la réflexion, le tact voire même la poésie et la sagesse qu’il communique dans ses contacts avec Valentine laisse plutôt entrevoir une personne sensible et délicate ; ce qui rend d’autant plus cruel le fait que sa jeunesse ne lui a probablement pas permis de trouver les bons aiguillages de sa vie. Le dessin en noir et blanc (au crayon ou sur gravure) retranscrit finalement bien cette dimension dichotomique entre le bien et le mal (seuls les dessins envoyés par Renaldo sont en couleurs), même si la réalité se trouve probablement dans les nuances de gris.
Je pense néanmoins que Valentine a voulu faire de ce roman graphique de 400 pages, un plaidoyer sur le caractère inapproprié de la peine de mort en tant que telle mais aussi sur la censure injustifiée du courrier par le monde carcéral (et ses règles absurdes) avec tout ce que cela perd en humanité. Cela pose la question d’une justice « juste », qui ne tombe pas dans « l’œil pour œil », de ces gens qui croupissent dans des geôles espérant qu’un jour ou l’autre l’administration voudra bien rouvrir leur dossier.
Le dossier de Renaldo devait être revu, mais le livre ne précise pas si cette révision a permis de remettre en question la sentence de peine de mort ou si elle a été confirmée… L’auteure ne le savait peut-être pas au moment de boucler son ouvrage. Renaldo attend peut-être toujours dans son couloir de la mort…