Le serpent à deux têtes
Dessinateur : Gani Jakupi
Scénariste : Gani Jakupi
Editeur: Soleil
Mon avis
Publié aux éditions Noctambule chez Soleil, ce récit de plus de 130 pages nous plonge dans l’Australie au 19ème siècle. A l’époque, l’Australie est encore dénommée Nouvelles-Galles du Sud les Anglais y envoient les bagnards pour implanter des comptoirs destinés à coloniser le vaste territoire. L’histoire est inspirée de faits réels.
William Buckley, prisonnier anglais condamné pour un menu larcin est envoyé au bagne en Australie. Début des années 1800 il s’en est échappé et a ensuite vécu 32 ans chez les aborigènes avant de revenir à nouveau par hasard chez les Anglais ! Encore aujourd’hui l’expression « Buckley’s chance » est régulièrement utilisée par les Australiens, même si nombre d’entre eux n’en connaissant pas l’origine.
Découpé en quatre chapitres, chacun accompagné d’une petite maxime, on va y suivre dans la première partie le destin de M’rrangoureuk. J’avoue avoir eu un peu de mal avec cette première partie chez les aborigènes, plus décousue. Le deuxième chapitre suit l’évasion du bagne de William Buckley et quelques compagnons de cellule ; le troisième est le pendant du premier puisque l’on y revoir la même histoire mais d’un autre point de vue ; enfin, la quatrième et dernière partie nous explique l’après retour de Buckley chez les Anglais.
Un dossier très complet de 12 pages complète efficacement la lecture de ce roman graphique.
Gani Jakupi (Matador, Retour au Kosovo, El Comandante Yankee), artiste multifacette (écrivain, dessinateur, journaliste et jazzman) nous raconte qu’il a dessiné cet album avec des roseaux et réalisé les couleurs à l’aide de marc de café ! Il a ensuite photographié lui-même ses planches et pas scanné pour ne pas perdre les rugosités de la planche ; chaque case est aussi agrandie et réalisée séparément puis recomposée avec le texte. Quel travail d’orfèvre !
L’auteur nous offre plusieurs doubles pages de toute beauté 6-7 pour le combat, 74-75 lorsque Buckley se retrouve seul dans la savane, 88-89 lorsque le désespoir l’étreint puis 100-101 lors de la cérémonie aborigène.
Un album étonnant à découvrir !
Maroulf