Goldorak
Dessinateur : Denis Bajram
Dessinateur : Alexis Sentenac
Dessinateur : Brice Cossu
Scénariste : Denis Bajram
Scénariste : Xavier Dorison
Coloriste : Yoann Guillo
Editeur: Kana
♥ Coup de cœur ♥
Précédemment, dans l’Anime Goldorak… (Par Xavier Dorison)
(ce résumé est l'introduction intégrale issue de la plume du scénariste dans cet album)
AVANT LE DÉBUT DE LA SÉRIE
L'Empire de Véga vient de réduire en cendres la lointaine planète d'Euphor.
Actarus, son prince, assiste impuissant à la mort des siens. Il parvient néanmoins à échapper au massacre en s'emparant de Goldorak, le plus puissant des robots de combat.
Gravement blessé par du lasernium - son épaule en portera la marque à tout jamais - Actarus s'échoue sur Terre, exsangue. Là, il trouve refuge chez un ancien médecin devenu scientifique, le professeur Procyon.
Celui-ci soigne le prince d'Euphor et l'adopte comme son propre fils. Directeur d'un centre de recherches spatiales, le professeur profite de ses installations à la pointe de la technologie pour dissimuler Goldorak dans une base souterraine.
Bien que hanté par les souvenirs d'Euphor, Actarus se bat pour retrouver une vie normale. Il se fait passer pour un Terrien et travaille comme garçon d'écurie au Ranch du Bouleau Blanc. Il y fait la connaissance d'un autre employé et voisin, Banta, ainsi que du propriétaire, Rigel, et de ses deux enfants, Mizar et Vénusia. Cette dernière ne peut s'empêcher d'être sensible au charme mystérieux d'Actarus.
LES 74 ÉPISODES DE LA SÉRIE
Le répit est de courte durée avant que Véga ne dirige sa soif de conquêtes vers la Terre et recherche Actarus. L'Empire fait établir une base militaire sur la face cachée de la Lune et lance à partir d'elle une série d'attaques contre la « Planète bleue ». Actarus et Goldorak combattent jusqu'à leurs dernières forces l'arsenal de créatures géantes, Golgoths, Antéraks et Monstrogoths, envoyées depuis la Lune.
Dans cette lutte titanesque, Actarus est d'abord aidé par Alcor, un ancien pilote, qui possède une modeste soucoupe construite par ses soins.
Alors que la guerre s'enracine, l'identité d'Actarus finira par être divulguée, tandis que deux nouvelles recrues viennent renforcer l'équipe de combattants : d'abord Venusia, puis une jeune fille qui porte le même médaillon d’ Euphor qu'Actarus, sa propre soeur, Phénizia, qui a elle aussi miraculeusement échappé au massacre.
Équipé de trois engins qui s'assemblent à Goldorak, le quatuor devient la « Patrouille des Aigles » et déjoue les plans de plus en plus machiavéliques de Véga.
Ce dernier a dû abandonner sa planète, Stykadès, qui a explosé après un désastre géologique.
Ayant désespérément besoin d'une nouvelle colonie et d'un espace vital, Véga prend la tête des opérations d'invasion de la Terre.
Il jette ses dernières forces dans un ultime combat contre Goldorak et la Patrouille des Aigles. Entre la Terre et la Lune, la flotte de Véga subit un dernier revers, tandis que le Grand Stratéguerre lui-même est tué par Actarus.
LA CONCLUSION DE LA SÉRIE
Enfin victorieux après ces années de combat, Actarus et Phénizia doivent repartir sur Euphor pour tenter de refonder une civilisation. Le cœur brisé, ils quittent ceux qui étaient devenus leur nouvelle famille, Procyon, Alcor, Vénusia, Rigel et Mizar.
Chacun d'eux espère retrouver une vie normale et profiter de la paix. Mais lorsqu'on a connu que des combats pendant des années, la liberté s'avère être une nouvelle épreuve. Quant à la paix tant attendue, une nouvelle menace venue des confins de l'univers pourrait n'en faire qu'un court répit…
L’histoire de cette suite, en quelques lignes…
Terre, Tokyo, de nos jours. 10 années se sont écoulées depuis la grande guerre contre Vega.
Venusia est devenu une femme indépendante, urgentiste.
Alcor a lancé sa startup et a réussi à lui faire atteindre le stade de « Licorne » (dans un style très « LargoWinchien »), tandis que le Professeur Procyon passe ses journées dans un temple bouddhiste et le bon vieux Riguel est devenu invalide.
La guerre semble bien loin… jusqu’à ce qu’un Golgoth à l’emblème de la mythique « Division Ruine » se crashe dans les entrailles du Mont Fuji…. Comment est-ce possible ? Les troupes de Vega avaient pourtant été totalement annihilées ? Leur base lunaire était à l’abandon total !?!
Préconisant la paix, le dernier Général de la division Ruine Yros d’Arkhen soumet au Parlement japonais un ultimatum de paix : Sous 7 jours, l’entièreté de la population japonaise devra avoir quitté l’île afin que les derniers survivants de l’Empire s’y installent. Passé ce délai, les surivant des Stykadès s’installeront de force sur le territoire.
Ce qu’on en a pensé…
Après donc des décennies à ne pas savoir ce qu’il était advenu de nos héros, les 5 comparses auteurs nous délivrent enfin une suite. Et quelle suite ! Les 5 années de travail sur cet album prennent tout leur sens quand on découvre les pages !
Enfin, on connait l’évolution de la relation Alcor/Venusia.
Enfin on a la réponse à la question : « Comment Phénicia & Actarus vont repeupler leur planète Euphor ? » !
C’est d’ailleurs la réponse à cette question qui nous entraine profondément dans la psychologie du personnage principal, que l’on retrouve à fond de geôle, totalement détruit …. A aucun moment, le fan absolu de Goldorak que je suis n’aurait osé imaginer pareille chose ! Du très grand Art, assurément !
L’un des premiers éléments fort de ce long récit de 130 pages est le discours du Général Yros d’Arkhen devant les parlementaires japonais : l’analogie qu’il emploie en comparant la situation de son peuple et l’épopée de « notre » Christophe Colomb auprès des tribus indiennes est très bien construite et on se rend compte que ce nouvel adversaire sera redoutable pour nos héros.
Soyons beau joueur, il y a bien quelques facilités, on en parle 2 secondes :
- Tout d’abord la guerre contre Vega qui s’est déroulée il y a + de 40 ans pour nous lecteurs (avec les traces de cette époque dans les véhicules, les moyens de communications…) ne peut pas correspondre avec juste un bond de 10 ans dans l’histoire : Alcor a un smartphone de 2021, mais dans la série ils utilisent encore le vieux téléphone fixe à gros boutons…
- Phénicia qui parvient à extraire son frère de la base ultra secrète sans aucun souci…
- Le coup du général qui profite d’une attaque comme excuse pour prendre le pouvoir : certes cette phrase est d’Alcor, mais bon « faute avouée à moitié pardonnée »… mais à moitié hein !
On en a fini avec ce qui nous a titillé en seconde lecture ; on peut passer à ce qui nous a mis en joie !
- La suite de l’Anime imaginée avec le renouveau de la planète Euphor est un petit bijou, tout comme la mise en abime pour Actarus qui s’en suivra et forcera son retour sur Terre ! Jamais je n’aurais imaginé une telle éventualité dans de telles circonstances !
- Sur 130 pages (et 5 années de travail commun !), Dorison & Bajram ont pris le temps de poser le psyché des personnages, offrant à chacun une profondeur qu’il n’avait pas dans l’Animé. L’Actarus apaisé de la fin de série a fait place à un héros déchû, en proie au désespoir le plus profond.
- Pour autant, le caractère enflammé de Fénizia, émotionnel de Venusia ou Matamor d’Alcor est parfaitement respecté : ils ont grandi, sont devenus pleinement adultes mais leur fond intrinsèque est totalement respecté !
- Revoir Goldorak et la patrouille des aigles prendre une sérieuse raclée face au terrible Golgoth Hydragon rappelle leur combat contre le tout premier MonstroGoth (le king kong).
Et puis, il y a aussi les multiples références à notre pop-culture : le chapeau de Luffy dont se coiffe Actarus sur Euphor… la petite musique pour donner du baume au cœur à la patrouille des Aigles retrouvée sur une vieux 45 tours par Procyon.
C’est bien simple : assister à un nouveau décollage de Vénusiak, Alcorak et Fossoirak m’a -presque !- fait verser une petite larme.
Un dernier mot enfin sur la couleur : les auteurs ont refusé de dévoiler leur travail avant que toutes les planches ne soient totalement colorisées, preuve de l’importance de cette phase dans le processus de création de cette BD. A la palette de couleurs, on a eu affaire ici à 2 virtuoses de photoshop qui ont passé des heures à placer des lumières, jouer sur les nuances, …. Pire même : ces 2 fous (Guillo & Bajram) ont même poussé parfois le vice à faire refaire certains aplats noirs aux dessinateurs, afin ensuite de pouvoir peaufiner encore certaines scènes et donner ainsi un rendu colorimétrique idoine.
Xavier Dorison, Denis Bajram, Alexis Sentenac, Brice Cossu et Yoann Guillo nous entrainent donc dans une magnifique séance de régression, tout en offrant une trépidante aventure en articulant très intelligemment les codes du Manga et de la BD franco-belge.
Un réel bijou, qui aura sans nul doute sa place dans la bataille finale pour le « Coup de Cœur 2021 » de GénérationBD !
Pour en savoir encore (et beaucoup !) + …
… On vous convie à lire notre article : Goldorak, l’interview des auteurs !
Milan Morales