Pile et Face
Scénariste : Serge Le Tendre
Dessinateur : Gaël Séjourné
Editeur: Grand Angle
Mon avis
Première collaboration entre Le Tendre et Séjourné. Après Perrissin, Callède et Rodolphe, notre dessinateur de Saint-Nazaire a l’art de bosser avec de très bons scénaristes !
Découvert avec la série « Lance Crow Dog » dont le dessin m’avait bluffé, j’ai depuis lors suivi cet artiste talentueux avec « Tatanka », « l’Appel des origines » et « A la vie, à la mort ! ».
Le Tendre nous dépeint l’ambiance musicale des comédies de Broadway, celle du cinéma des années quarante, mais aussi celle plus lugubre de la guerre. Dans ce contexte, il raconte l’histoire de deux amis que la guerre et la trahison vont séparer. Harvey parti à la guerre en revient défiguré, et préfère se faire passer pour mort ; Ross qui est resté en Amérique triomphe avec leur comédie musicale dont il s’approprie le mérite complet ! Comment réagir alors face à cette trahison ? Pile ou Face ? Le pardon ou la vengeance ?
Avec l’aide de son ex capitaine qui est chirurgien dans la vie civile, Harvey accepte de servir de cobaye et va se reconstruire peu à peu. Ce sont les prémisses de la chirurgie plastique à base de peau humaine pour reconstruction, et Harvey porte un masque de peau à changer très régulièrement. Sans celui-ci, son visage atrocement brûlé lui permet de percer dans le cinéma comme acteur ! L’occasion pour Le tendre de parler de l’âge d’or de ce média dans les années d’après-guerre.
Toute cette histoire, dont ce tome est la première partie du diptyque prévu, est superbement mise en image par Gaël Séjourné, avec des décors très fouillés et précis et un visage de Harvey brûlé vraiment atroce. C’est lui aussi qui s’occupe également des couleurs donnant un ton suranné convenant magnifiquement bien au récit.
« La Peau de l’autre » (qui à l’origine devait s’intituler « Derrière les masques » mais qui a été changé au vu du contexte sanitaire !) est un superbe récit captivant qui se lit d’une traite. Le final de ce premier épisode promet par ailleurs une belle suite !
Maroulf