Mademoiselle Baudelaire
Dessinateur : Yslaire
Scénariste : Yslaire
Coloriste : Yslaire
Editeur: Dupuis
Album one-shot chez Aire Libre
Yslaire a pris le parti d’aborder la vie de Badelaire sous le prisme de sa relation avec la Vénus noire. Quand on sait combien l’auteur attache de l’importance aux relations amoureuses (souvent passionnelles) dans son œuvre, cela n’a en fait rien de surprenant. Si l’auteur laisse sa propre créativité pour imaginer cette relation sensuelle, il la contextualise néanmoins avec tout le contexte de vie du poète qui est bien réel. Mieux encore, Yslaire s’immerge dans la pensée du poète, nous la faisant découvrir dans toute sa subtilité, mais aussi sa complexité et ses contradictions.
Par petites touches et avec la sensibilité qui lui est propre, l’auteur nous renvoie le questionnement de Charles Baudelaire, mais aussi l’image de l’homme tourmenté qu’il était (relation difficile avec sa mère, gestion inconsidérée de son argent, tentative de suicide lorsqu’il était au plus mal…).
L’affection (l’amour ou le dévouement) que lui porte Jeanne est également touchante dans la spontanéité de sa lascivité tout comme dans son acceptation de son rôle de femme-objet même si elle n’en garde pas moins un ascendant très clair sur Charles et peut se révéler une vraie tigresse…
Ce qui reste pour moi néanmoins le plus impressionnant chez Yslaire, c’est son style toujours extrêmement travaillé, mais tout en restant extrêmement lisible, chaque planche est un petit bijou qui mériterait d’être agrandie en poster pour en savourer toute la qualité esthétique, la précision du trait… Je suis un des premiers fans de cet auteur que j’ai adopté dès Bidouille et Violette, le passage par Sambre a donné une dimension supplémentaire à son style graphique et la suite (XXième siècle.com, Le ciel au-dessus de Bruxelles, …) ont démontré une évolution supplémentaire dans la mise en page et le traitement des lumières (et bien d’autres choses).
Chaque fois, je me dis qu’il a atteint un sommet dans sa maîtrise du dessin, mais chaque fois Yslaire me surprend par cette évolution toujours en mouvement, l’auteur reste insatiable dans sa quête d’aller vers un mieux et il y parvient ! C’est donc un coup de cœur plus que mérité que j’attribue à cet album, dommage qu’il ne soit pas possible d’en attribuer un double. Foncez chez votre libraire le plus proche, vous en aurez plus que pour votre argent !