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Chronique BD: Cocteau, l'enfant terrible # 0

Cocteau, l'enfant terrible

Série: Cocteau, l'enfant terrible, Tome 0
Dessinateur : Laureline Mattiussi
Scénariste : François Rivière
Editeur: Casterman

Jean Cocteau se retrouve face à ses juges… Que lui reproche-t-on ? Plein de choses en fait… Son caractère mondain et plaisant mais aussi très artificiel, très médiatique… Sa dispersion dans différentes disciplines artistiques telles que le dessin, la poésie, le théâtre ou le cinéma,… Sans compter d’autres facettes de sa personnalité plus audacieuses encore pendant la période où il s’est investi comme entraîneur de boxe… Que dire aussi de ses relations avec des personnes souvent plus jeunes que lui (l’écrivain Radiguet, l’acteur Jean Marais, Edouard Dermit,...) où la frontière entre la relation amoureuse et l’inspiration artistique se révélait souvent ténue ? Que dire encore de sa dépendance à l’opium auquel il a goûté et dont il n’a jamais pu complètement se départir ?
Jean Cocteau pourrait souvent faire l’objet de plusieurs condamnations par des personnes bien pensantes pour ces faits mais Cocteau c’est aussi une liberté de création qui déplace les limites ce qui avait été imaginé jusqu’alors, c’est la réalisation du film « La belle et la bête » qui reste encore à ce jour un monument de l’art cinématographique, ce sont aussi des œuvres littéraires qu’il serait malvenu de sous-estimer… C’est vrai que c’était un fameux « touche-à-tout » mais est-ce un crime finalement ?



Dans « Cocteau, l’enfant terrible », François Rivière, assisté par les traits élancés de Lauréline Mattiussi font le procès fictif de ce personnage haut en couleurs, que celles-ci soient médiatiques ou culturelles… Et pourtant, c’est le noir et le blanc qui a été choisi pour illustrer cet artiste… Une manière d’illustrer sa personnalité contrastée ? Un rappel de son plus célèbre film qui ne connaissait pas la colorisation ? Ou tout simplement une figure de style comme il les appréciait… Les errances des traits de Laureline rejoignent les errances de Cocteau…

Pour profiter pleinement de cette bande dessinée, il est préférable de connaître un minimum du personnage de Cocteau sinon on risque de perdre beaucoup de la finesse du scénario de François Rivière, travaillé avec beaucoup de nuances… On pourrait aussi voir cet album comme une porte qui en ouvre beaucoup d’autres vers l’univers de Cocteau, je ne peux alors que vous inviter à préparer cette découverte en louant des livres de Cocteau, en téléchargeant ses films, en se documentant sur sa biographie… En fait, la vie de Cocteau est si remplie et si vaste en rencontres culturelles diverses que les 239 pages de ce roman graphiques sont finalement bien peu de choses par rapport à la  personnalité de ce personnage si complexe et protéiforme.



Mon impression en terminant ce livre est de me trouver face à un travail rigoureux et bien fini tant dans sa forme que de dans son fond. C’est peut-être subjectif mais j’ai parfois l’impression que cet album manque malgré tout d’un peu d’âme (dans le sens des relations humaines de Cocteau avec son entourage). Même si elles sont abordées, je trouver qu’approfondir cette dimension aurait pour moi permis davantage d’accrocher à la personnalité de ce grand Monsieur. Si néanmoins, vous êtes déjà un fan inconditionnel de cet artiste, ce livre doit faire obligatoirement partie de votre bibliothèque !

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