Michel Kichka est né en Belgique et est éduqué dans les préceptes de la religion juive, il découvre sa terre d’origine, Israël pour la première fois, en 1969 à l’âge de 15 ans. Très vite, Michel va se sentir davantage lui dans ce pays tout en gardant un certain attachement pour la Belgique où vivent ses parents. En 1974, Michel décide de faire fait son alyah (ce mot veut dire élévation en hébreu et symbolise le retour au pays) et de faire ses études en Israël. Il commence par des cours intensifs d’hébreu et s’habitue progressivement aux habitudes locales. Il s’inscrit à l’académie des Beaux-Arts de Jérusalem afin d’y développer son don pour le dessin. C’est au cours de ces études qu’il va rencontrer Olivia qui va devenir sa femme, donnant naissance à un petit David. En 1980, un deuxième enfant va naître, Yonathan et Michel d faire son service militaire. Après une période d’instruction, il se retrouve dans un caserne où ses talents de dessinateurs lui permettent de trouver un job planqué : décorer les murs de la caserne avec des motifs militaires… En juin 1982, Sharon entre dans un nouveau conflit qui sera la guerre du Liban et durera 18 ans. Michel est rappelé pour couvrir en dessins le conflit à Beyrouth tandis que sa femme manifeste dans les rues pour s’opposer à cette guerre. A son retour, il rejoindra les manifestants pour s’opposer à ce conflit sanglant. Ce conflit sera aussi le début du schisme entre les Israéliens, divisant les extrémistes et les modérés. Ce conflit sera suivi directement par la guerre du Golfe avec ses alertes obligeaient toute la population à se mettre à l’abri. Au fur et à mesure que le conflit Israélo-Palestinien s’enlise, Michel et son épouse vont davantage s’engager dans la société, Michel par le biais de ses caricatures de presse au nom de la liberté d’expression et Olivia par un militantisme pacifique. David qui a bien grandi va être appelé à faire son service militaire et ce sera ensuite le tour de Yonathan, chaque épisode sanglant de conflit ou de terrorisme sera autant de stress pour les deux parents. La vie sera alors parsemée d’espoirs avec le accords d’Oslo entre Rabin et Arafat mais aussi de désillusions avec l’assassinat de Rabin et le nouvel intifada…Michel va s’investir dans l’enseignement du dessin de presse et créer le débat entre étudiants, il va également s’investir dans « Cartooning for peace » créé par Plantu, instaurant un espace de dialogue entre dessinateurs du monde entier. L’attentat du Charlie Hebdo sera un nouveau coup dur mais Michel pense déjà a écrire les pages suivantes avec ses petits-enfants…
Dans ce récit autobiographique, Michel Kichka nous fait partager la découverte du monde hébreu et de sa culture. En nous faisant partager ce parcours initiatique, on s’éloigne rapidement du cliché d’un peuple qui serait constitué uniquement de juifs extrémistes et intolérants. Si cette catégorie existe bien, il en est d’autres beaucoup plus ouvertes et modérées. Sans tomber dans l’intégrisme, le judaïsme conserve néanmoins des traditions bien ancrées qui sont partagées par la plupart comme des rites biens établis et que l’on pratique peut-être davantage par habitude que par croyance.
On peut parfois rester songeur quand on voit la longueur du service militaire, le fanatisme de certains extrémistes qui vont jusqu’à tuer pour imposer leur vision politique, la peur de voir ses enfants mourir dans un attentat,… Israël semble bien loin d’atteindre un esprit apaisé et pacifié. En écrivant ce livre, Michel Kichka partage son aspiration à un pays plus tolérant et plus ouvert aux autres, il démontre que même les soldats ne sont pas tous aussi peu respectueux des Palestiniens que ce que l’on pourrait croire. On pourrait peut-être regretter un regard encore plus critique, voire plus politique des dérapages de sa société mais peut-être que cela mettrait aussi sa vie en danger…
Si l’on ressent un attachement réel pour son pays, on devine également les désillusions face à l’évolution du pays. Le combat pour la tolérance et la paix est permanent et pourrait paraître désespéré mais l’auteur termine même par une note optimiste. Michel Kichka pourrait paraphraser cette formule énoncée par un des chantres de la cohabitation pacifique : I’ve a dream…