Road thérapy
Scénariste : Stéphane Louis
Dessinateur : Lionel Marty
Coloriste : Véra Daviet
Editeur: Grand Angle
Un petit matin dans le sud de la France, un autobus attend devant un hôpital psychiatrique. Deux infirmiers-éducateurs, Jean-Paul et Hélène, font rentrer six patients dans le véhicule. Une excursion de quelques jours pour visiter les châteaux Cathares est programmée… Le chauffeur n’arrive pas et le groupe commence à s’impatienter. Il faut dire que chaque patient à un comportement qui lui est propre : une se rend malade, un autre parle par écrits sur papiers, une troisième utilise une série de mots vulgaires pour s’exprimer,… Finalement, ce n’est pas Pascal qui débarque mais un dénommé Igor explique qu’il le remplace à pied levé. Le voyage peut commencer mais Igor semble bien préoccupé, ses initiatives auprès des patients ne plaisent pas à Jean-Paul et Hélène même s’ils doivent finalement bien concéder que la présence d’Igor semble leur apporter du positif et apprécier cet apport. Igor a proposé de pousser le voyage jusqu’en Espagne, ce qui suscite l’enthousiasme des patients mais renforce la désapprobation de deux infirmiers qui s’opposent à ce projet. Un matin, Igor part avec les patients vers l’Espagne à l’insu de Jean-Paul et Hélène, ils n’iront pas jusque-là mais à leur retour, un lien est définitivement créé entrer les patients et Igor qui leur a révélé son problème.
Road therapy porte particulièrement bien son nom car c’est une véritable thérapie qui se déroule le long de cette road BD. Thérapie pour les patients mais également pour Igor sous l’œil plus ou moins complaisant des deux infirmiers.
Grandangle a fait des histoires humaines une de ses spécialités et celle-ci est dans la droite ligne d’histoires de la même veine telles que « Nos embellies » ou « nos jours heureux » parus dans la même collection.
Personnellement j’ai déjà trouvé d’autres histoires de ce type plus fortes et prenantes mais ce récit reste de qualité, gardant la finesse de la psychologie des personnages qui ne sont jamais tout blancs ou tout noirs. Le personnage d’Igor est particulièrement travaillé, le lecteur se rendant compte que ce comportement n’est pas normal mais ne sachant pas comment l’expliquer ou l’interpréter. Les troubles psychiatriques des patients m’ont donné l’impression d’avoir moins de profondeur mais il est vrai que c’’est extrêmement difficile et délicat de retranscrire un trouble mental dans la personnalité d’un personnage de papier…
Le dessin de Lionel Marty brille par son originalité, voire un certain stylisme (le bus est particulièrement réussi) tout en restant très lisible. On ne s’embête pas en lisant ce livre et ses quelques défauts sont bien compensés par son humanisme bienveillants ce qui est déjà beaucoup en ces temps d’individualisme et du chacun pour soi.
Plusieurs bandes dessinées font actuellement le bon choix de l’authenticité et du rapport humain. Si vous aimez comme moi ce style, achetez l’album car il complètera utilement votre bibliothèque qui veut se recentrer sur les vraies valeurs.