BD Classic

Paris manque cruellement à Pieter Mondriaan, retenu en Hollande par la guerre. C'est donc avec soulagement qu'il peut enfin rejoindre en 1919 la capitale française où se trouve son atelier au 26, rue du Départ. Sur place, la vie pour Piet Mondrian n'est pas facile; il ne mange pas tous les jours à sa faim et pour payer son loyer, il dessine des fleurs. Comme celle qu'il offre à Francine, sa partenaire de danse. Danser le Charleston avec elle, Piet Mondrian adore ça mais il ne cherche pas vraiment à faire des rencontres et encore moins l'amour. Il préfère se consacrer à son art.

Et puis si le désir se fait ressentir, il peut toujours aller voir les filles du Faubourg. Mais pas celle au manteau vert, allez savoir pourquoi!

L'avis de Gladys

Parfois, la création d'un album survient de manière étonnante. Pour la petite histoire, les auteurs Jean-Philippe Peyraud et Antiono Lapone possédaient chacun une même image placée au-dessus de leur table à dessin. Cette image, visible en quatrième de couverture, est la reproduction d'une photo prise par André Kertész illustrant une fleur artificielle dans l'atelier de Mondrian, seule évocation du féminin et du végétal dans l'univers géométrique du peintre.
Pour aborder le peintre hollandais Piet Mondrian et sa conception de l'art, le néoplasticisme, Jean-Philippe Peyraud en qualité de scénariste imagine à partir de cette image comment cette fleur en plastique a pu atterrir dans l'atelier de l'artiste. Conjointement, il dresse le portrait d'un homme tout en ambivalence; d'un côté il y a ce pionnier de l'art abstrait, un artiste peintre solitaire, austère, casanier, tout dévoué à sa peinture et d'un autre côté, il y a l'homme envoûté par les rythmes endiablés du jazz des années folles qui font de lui un exubérant danseur de salon.
Finalement, on n'en saura pas davantage, l'homme étant discret. Ce qui n'est pas le cas de sa peinture abstraite, mondialement connue.

L'élégant graphisme typé d'Antonio Lapone se prête idéalement au format XL de l'album, on avait déjà pu le constater avec Adam Clarks, un autre de ses titres.
Sur ce nouvel album, Antonio Lapone adopte un encrage moins appuyé et une colorisation plus légère qu'à l'accoutumée; ce qui n'est pas pour me déplaire. De plus, la composition et le découpage de ses planches ne manquent pas de créativité. Du bonheur pour les yeux pour peu qu'on aime le style «Atome»!

L'album est enrichi d'un sketchbook conséquent de 40 pages reprenant études, crayonnés et story-board. C'est instructif et puis surtout une bonne manière de réaliser tout le travail fourni en amont par les deux auteurs. Il ne manque qu'un petit dossier reprenant la biographie, le parcours artistique et la présentation illustrée des œuvres majeures du peintre Mondrian pour que mon bonheur soit complet.