Série: La Révolte des terres
Auteurs: Koza, Marion Mousse
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
Présentation du livre
Au printemps 1941, les mineurs du Pas-de-Calais préparent une grève massive, à la fois pour dénoncer leurs patrons capitalistes qui dégradent les conditions de travail tout en réduisant les salaires, et pour lutter contre l'occupant allemand en privant le Reich de milliers de tonnes de charbon dont il a tant besoin.
Ferdinand est un jeune mineur de Montigny-en-Gohelle qui s'intéresse peu à la politique, préférant passer son temps libre à pêcher ou à jouer aux échecs, au lieu d'aider sa sœur Odette et Gilles, le fiancé de celle-ci, à préparer la grève. Gilles est un des collègues de Ferdinand à la mine mais les deux hommes se détestent, à tel point qu'une bagarre éclate entre eux quand Gilles accuse Ferdinand de lâcheté parce qu'il n'a pas participé aux manifestations du premier mai.
Pour soutenir sa sœur, Ferdinand finit quand même par participer à la grève, ce qui lui vaudra d'être arrêté par la milice et déporté dans le camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin, avec de nombreux autres mineurs.
Accusé par Gilles d'avoir dénoncé les meneurs à la milice, Ferdinand subira en captivité la violence de ses camarades d'infortune, en plus de la maltraitance de ses gardiens.
L'avis de Félix
Ce récit historique combine de nombreux points de vue: à la fois chronique sociale, témoignage de la résistance et de la déportation, et histoire familiale et d'amitié, avec un zeste d'enquête policière. Voilà de quoi alimenter un scénario riche et varié.
L'album est construit comme une succession de flash back qui alternent entre les époques: en juin 1945, Odette scrute les panneaux de l'hôtel Lutétia à Paris à la recherche d'une photo son frère, parmi les familles qui se rassemblent là pour attendre leurs proches de retour des camps de concentration. Très vite, on remonte le temps jusqu'à l'arrivée au camp de concentration de Sachsenhausen en juillet 1941, où l'on ressent tout le désespoir et l'humiliation des prisonniers de guerre. Puis on revient encore quelques mois en arrière, au printemps 1941 à Montigny-en-Gohelle, pour découvrir les événements qui ont provoqué la déportation de Ferdinand et de ses compagnons.
A partir de là, Koza (alias Maximilien Le Roy) a construit un scénario alternant entre ces époques à un rythme soutenu et sans transition, au risque de perdre le lecteur de temps en temps. Heureusement que les uniformes rayés sont là pour distinguer les prisonniers du camp de travail et les mineurs en France.
Le dessin en noir et blanc de Marion Mousse (une des autres facettes de Félix Brune) convient à merveille aux deux ambiances, en forçant un peu plus sur le noir dans le bassin minier et sur le gris foncé dans le camp; les visages sombres sont très expressifs mais on a parfois du mal à reconnaître certains personnages. Les décors très bien rendus et les planches bien construites donnent à l'ensemble un visuel très esthétique.
Un bel album historique, intéressant et bien réalisé, mais qui demande une lecture attentive pour bien identifier les protagonistes et pour suivre les événements.