Série: Les Grands Peintres
Auteurs: Nicolas Sure, Dimitri Joannides
Editeur BD: Glenat
Une chronique BD: Génération BD
Avril 1912, le peintre Egon Schiele croupit dans sa cellule. On lui reproche d’avoir eu des relations sexuelles avec des modèles mineurs alors lui se défend de les avoir touchées… Le vrai procès d’Egon Schiele est en fait le procès de l’ensemble de l’œuvre de l’artiste pour son caractère sulfureux.
Egon Schiele aime en effet dessiner des femmes aux poses lascives et ne dédaigne pas avec un malin plaisir à jouer la carte de la provocation, il a un trait incisif, souvent teinté d’un érotisme cru.
Le juge Schmidt qui doit examiner sa situation est un juge plutôt conservateur et l’issue de procès semble plutôt mal barrée....
La chance d’Egon Schiele va être d’avoir le soutien de plusieurs personnalités telles que Gustav Klimt (qui admirait le travail d’Egon), l’écrivain Stéphan Zweig, un amateur d’art chevronné et même un certain Sigmund Freud.
Ceux-ci vont découvrir que sous le couvert d’une façade bien-pensante, le juge ne dédaigne pas faire un petit détour au bordel en fin de journée afin de satisfaire l’un ou l’autre de ses phantasmes sordides.
Pour avoir lu Egon Schiele « Vivre et mourir » de Xavier Coste paru chez Casterman, il y a 3 ans et cet opus consacré au même artiste aujourd’hui, je ne peux que rester admiratif sur le parcours remarquable de cet artiste qui n’aura vécu en tout et pour tout que 28 ans (de 1890 à 1918). On n’ose imaginer l’apport artistique de Egon Schiele s’il avait vécu deux fois plus vieux !
L’approche des deux albums est sensiblement différente. Là où Coste met l’accent sur le côté froid et excessif de l’artiste, Joannidès et Sure mettent davantage l’accent sur le procès d’une société qui ne parvient pas à accepter des idées nouvelles et non conventionnelles. Plus encore qu’aujourd’hui, les artistes ouvraient la voie vers la modernité, bien en avance sur leur temps.
Que penser de cet album de Glénat ? Je dirais qu’il est agréable à la lecture et illustre bien l’esprit de l ‘époque. L’album éponyme paru chez Casterman développe une approche davantage biographique (plus étalée dans le temps) qui permet de mieux percevoir le parcours de l’artiste. Par contre, la personnalité d’Egon Schiele est présentée d’une manière sensiblement différente dans les deux albums et la lecture de ces deux opus n’est pas inutile pour se faire sa propre idée.
Au passage, pourquoi ne pas compléter sa vision de l’artiste par une lecture de sa biographie où là démarche d’aller voir ses œuvres à Vienne ?