Caïn
Série: Le Fils d'El Topo #1
Auteurs: Jodorowsky, José Ladrönn, José Ladrönn et Hugo Sebastian Facio
Editeur BD: Glenat
Une chronique BD: Génération BD
Histoire:
Caïn a été abandonné par son père, le célèbre bandit El Topo, alors qu’il n’était encore qu’un tout jeune enfant. Sa vie durant, Caïn va tout faire pour le retrouver et le tuer. Mais lorsqu’il se trouve face à lui, il est incapable de l’abattre car entretemps le bandit est devenu un saint intouchable. Fou de rage, Caïn décide d’assouvir son désir de vengeance sur son demi-frère Abel. Doté de pouvoirs extraordinaires, El Topo va tout faire pour l'en empêcher et protéger Abel. Il le condamne à un châtiment empêchant les autres de le regarder ou de lui parler sous peine de mort, faisant désormais de Caïn un être invisible. Pour être hors d’atteinte, El Topo décide de s'immoler par le feu. A l’endroit de son sacrifice apparaît un amas de cire et des centaines d’abeilles. Puis du sol surgit un monument sous la forme de menhirs géants en or entourés d'un fossé inviolable. Le seul moyen d’y accéder est un passage fait de pierres flottant comme en lévitation au-dessus du vide. Mais au lieu de devenir un lieu saint, cette tombe ne va attirer que les hypocrites, les pervers, les voleurs, violeurs et criminels en tous genres, dont certains vont y laisser la vie en essayant de traverser le fossé. Lorsque Caïn arrive au sanctuaire, El Topo réapparaît. Caïn sort vaincu de l’affrontement et n’a plus d’autre choix que d'errer de ville en ville pour retrouver Abel, son demi-frère qui désormais a besoin de lui après le décès de sa mère.
Mon avis: Réalisé et interprété par Alejandro Jodorowsky, le film El Topo est sorti en 1970. Il a rencontré un franc succès bien qu’il n’ait été distribué que dans des salles d’art et essai ou projeté dans des petites salles à la séance de minuit, la plus mythique ayant eu lieu à l’initiative du couple John Lennon et Yoko Ono lors d'un festival du cinéma. En tout cas, le film est très rapidement devenu culte. Face aux difficultés rencontrées pour trouver un producteur acceptant de financer une suite et après le refus d’Hollywood de s’y associer, l’idée est venue de poursuivre l’aventure sous forme de BD.
Ce n’est qu’en 2016 que la rencontre Jodorowsky - Ladrönn va permettre de concrétiser ce projet. Quand on lit du Jodorowsky, on ne peut que s'attendre à tout, du plus poétique au plus musclé et brutal, mais ce que je préfère chez lui, c'est sa fascination pour le religieux, le spirituel, le mysticisme et la philosophie. Il n’a pas peur de choquer, de provoquer, de tout remettre en question, n’hésitant pas soit à mépriser soit à affronter le puritanisme et l'hypocrisie qui se manifestent dès qu'on aborde ces thèmes.
Si l’album "Le fils d'El Topo" reprend toutes ces particularités de l’auteur, on regrette certains raccourcis concernant Caïn, surtout le manque d’explications sur le pourquoi et le comment de son devenir. Espérons que le prochain tome nous fournira des éclaircissements à son sujet, en particulier sur sa quête d’une certaine rédemption.
Au dessin, on retrouve José Ladrönn, que je connais via ses magnifiques illustrations de classiques du comics américain (Les Inhumains, Les 4 Fantastiques, Cable, Spiderboy, etc) dont le style bien particulier me plaisait déjà beaucoup. Sa griffe en fait un auteur à part, un peu à l’image de Moebius, Corben ou Toppi pour ne citer qu’eux. Pour cet album, Ladrönn adopte un style plus "européen" qui donne toute son ampleur à ce western mystique, fantastique, cruel et violent mais aussi plein de désespoir où Caïn exprime son besoin d'être reconnu et même aimé par un père qui l'a rejeté.Les couleurs de Ladrönn avec Hugo Sebastian Facio sont tout simplement de toute beauté !