Série: Violette Nozière vilaine chérie
Auteurs: Eddy Simon, Camille Benyamina
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
Présentation du livre
Octobre 1934, Palais de justice de Paris, Violette Nozière, perdue dans ses pensées, attend son jugement. Que s'est-il passé pour que cette jeune fille d'à peine 19 ans se retrouve ainsi devant la cour d'assises? De quelle crime l'accuse-t-on?
Pour comprendre, il faut remonter au mois de mars 1933 où Violette Nozière, frivole et éprise de liberté, a basculé du mauvais côté en empoisonnant ses parents et en boutant le feu à leur appartement. La tentative de meurtre échoue mais ce n'est que partie remise pour la jeune parricide.
Quelques mois plus tard, elle réitère son monstrueux forfait d'empoisonnement accompagné d'une intoxication au gaz, un leurre, pour tuer une bonne fois pour toutes ses parents. Cette fois, seule la mère y survivra. Violette, prise au piège, tentera bien de se soustraire à la justice en s'enfuyant mais elle sera arrêtée quelques jours plus tard à Paris suite à une dénonciation.
L'avis de Gladys
Le journaliste Eddy Simon et la dessinatrice Camille Benyamina revisitent en bande dessinée l'un des plus célèbres faits divers ayant défrayé la chronique des années 30. Le crime de Violette Nozière a marqué les esprits de l'époque et son procès retentissant restera dans les annales judiciaires françaises. Plus que le procès, c'est le comportement de Violette, sujet à interprétation, qui intéresse ici les auteurs. Point de jugement donc !
C'est un sacré portrait de femme tout en nuance que nous dépeint, avec une certaine tendresse cependant, Eddy Simon. Le titre "Violette Nozière, Vilaine Chérie" admirablement bien choisi et la douceur du toucher de l'album illustrent à merveille toute l'ambivalence du personnage.
Violette dont le prénom évoque une douce fragrance florale, est une jeune fille rêveuse qui s'invente une vie différente pour fuir une existence familiale morne qui ne lui convient pas. Elle, la délurée qui n'hésite pas à collectionner les amants, parfois contre rétribution, ne pense qu' à s'amuser. Mais cette vie insouciante a un prix. Violette en fine manipulatrice n'aura de cesse de soutirer de l'argent à ses parents par vols, ruses ou mensonges.
Mais à trop mentir, elle se laisse entraîner dans une spirale destructrice qui la conduira jusqu'au point de non-retour : l’empoissonnement de ses parents. C'est impuissant qu'on assiste au développement de son côté sombre. Ce n'est qu'après le procès que l'on découvrira une Violette apaisée par le pardon de sa mère.
Avec talent, Camille Benyamina illustre de son doux crayonné coloré (un tantinet top naïf sur certaines cases) toute la douceur de façade de Violette.
Les plans rapprochés sur le visage de Violette, à l'image de la couverture, sont de toute beauté et augurent un avenir prometteur pour cette nouvelle arrivante dans la bande dessinée.
Une belle découverte !
En fin d'album, on trouve un dossier agrémenté de photos d'archive et de citations d'écrivains (Colette, Marcel Aymé, Céline) qui prolonge la lecture en retraçant dans les grandes lignes la vie de Violette Nozière jusqu'à sa mort en novembre 1966.