♥ Coup de coeur ♥
Série: Hôtel particulier
Auteurs: Guillaume Sorel
Editeur BD: Casterman
Une chronique BD: Génération BD
Hôtel particulier est en fait un ensemble d’appartement. L’histoire débute par le décès d’une jeune femme qu’on retrouve décédée dans son bain. On apprendra par la suite qu’il s’agit d’un suicide.
Si le corps de la jeune fille est rapidement emporté par les pompes funèbres, son âme et son corps immatériel vont rester dans le bâtiment. La jeune femme va découvrir les multiples existences propres à chacun des locataires.
Dans les combles, un couple vient de se séparer, le mari, artiste, à décidé de faire table rase de son passé. Au rez-de chaussée, une épouse entretient des relations sexuelles avec un voisin du dessus qui ne se doute pas que la mari prend un malin plaisir à observer ses ébats avec sa femme, caché dans une armoire.
A propos d’armoire, l’histoire plus triste d’une petite fille qui s’est cachée dans un placard mais dont la porte d’entrée à disparu, laissant ses parents inconsolables tandis que la petite enfermée dans cet espace sans issue se morfond dans sa solitude.
Que dire de ce chat philosophe, seul être vivant à communiquer avec le fantôme de la jeune femme? Ou encore de cet amateur de livres qui par un pouvoir inédit peut se refaire toutes les bacchanales décrites dans les histoires en sa possession. Son appartement devient celui des orgies et de la luxure…
On l’aura compris, hôtel particulier est une histoire très particulière qui dévie très vite dans le surréalisme ou le fantastique (soft). La vie et la mort ne sont jamais très éloignés et l’un n’est pas nécessairement plus glauque que l’autre.
Ce qui rend cette histoire attractive est d’abord pour moi la qualité de son dessin qui permet de rentrer dans ce monde un peu fou. En d’autres termes, le graphisme et les couleurs ocre-noir-gris blancs aquarellisées font que l’on a envie de rentrer dans cette histoire.Ces qualités sont renforcées par la qualité d’édition de Casterman (papier épais,…). On ne sort pas de cette histoire comme si on avait passé un bon moment de détente mais plutôt comme si on sortait du voyage d’un monde à part, dont les repères nous échappent
Peut-être qu’une histoire plus réaliste aurait permis d’encore plus s’immerger dans l’ambiance créée par le dessin mais en même temps, c’est un style qui va bien avec l’histoire (un peu comme le rouge et le noir d’Yslaire se marient bien avec Sambre). Le style me fait également penser aux albums d’Eric destines aux adultes (Coup d’oeil, le Verrou) pour les fans de cet auteur. Au vu de cet album, Sorel est un auteur qui promet encore beaucoup de bonnes surprises.
Toutes ces caractéristiques font de cet hôtel particulier un album particulier et parce qu’il est innovant dans son style et atypique dans son scénario, je lui donne volontiers mon coup de Coeur!
A noter sur ce site, l’interview de l’auteur est disponible ici. Je ne l’ai pas lu avant de chroniquer son album pour éviter d’être influencé sur le sens de sa démarche…
Phylact